
Novaïa Gazeta est un journal russe très important, influent et respecté y compris à l’étranger. Son tirage est de 700 000 exemplaires. Il sort trois fois par semaine les lundis, jeudis et vendredis. Novaïa Gazeta est l’un des rares médias russes encore indépendant. Une indépendance que le journal a payée très cher, avec l’assassinat de plusieurs de ses journalistes dont Anna Politkovskaïa.
Ce journal vient de publier un document confidentiel du Kremlin, élaboré début février 2014, concernant la situation en Ukraine suite à la révolution qui secouait la capitale ukrainienne.
Selon les auteurs du document, sentant que la fin politique de Ianoukovitch étant proche, Moscou devait prendre des initiatives pour garder l’Ukraine sous contrôle. Il y est dit que Moscou devait lancer sans tarder une vaste opération de déstabilisation en Ukraine avec, comme principal objectif, la «fédéralisation» du pays et le rattachement de plusieurs régions à la Russie – dont la Crimée –, sous le couvert d’organisations de référendums.
Outre la Crimée, le document ciblait, en priorité, la prise de l’oblast de Kharkiv, avant la prise du Donbass.
Le document énumère ensuite tous les avantages et le crédit qu’en retirerait la Russie sur le plan économique: contrôle du marché de l’énergie et des gazoducs transitant par l’Ukraine, d’autre part la Russie récupérerait des cadres hautement qualifiés dans l’industrie et le transport qui permettrait une réalisation plus efficace et rapide du programme de réarmement russe. Il y aurait un apport démographique non négligeable.
En gros, en remettant la main sur Kyiv, la Russie pourrait à nouveau jouer un rôle majeur en Europe.
En somme, le non-respect des traités internationaux, dont le mémorandum de Budapest signé par la Russie en 1994 garantissant l’intégrité territoriale et l’indépendance politique et économique de l’Ukraine, le non-respect des rapports de bon voisinage. En bref: une ingérence caractérisée et intolérable dans les affaires d’un pays voisin.
Si ce document est authentique, il est accablant pour la diplomatie allemande et française, à la lecture des accords de Minsk-2, on peut penser qu’il a servi de base de travail pour imposer de force à l’Ukraine la fédéralisation du pays exigée par Moscou!
Une mise sous tutelle de Kyiv par Moscou.
On peut supposer que Paris et Berlin «roulent» pour Moscou.
Par A.T-D, le 26/02/2015