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Le passé, le présent, l’avenir des relations russo-ukrainiennes

Un manifestant à Kiev brandit un drapeau ukrainien, le 20 février 2014. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Par Bohdan Bilohotzky
Exposé au Rotary Club en octobre 2014

Dès lors qu’un tel sujet est abordé, il est absolument nécessaire de connaître l’histoire tant russe qu’ukrainienne. Avec un tel sujet, l’objectivité même la plus déterminée ne peut prévenir un aspect polémique. Il est capital de distinguer l’exact du mythe, de combattre les calomnies, de réfuter toutes interprétations historiques erronées, en un mot : de rechercher ce qui est juste et ce qui est vrai.

A cet effet, il convient de dénoncer les non dits qui dissimulent très souvent des actions embarrassantes parce que condamnables. Certaines prises de positions débordantes d’ignorance mais emplies d’arrière pensées doivent être combattues et fermement dénoncées.

Voici maintenant la carte de visite géographique et démographique de l’Ukraine.

Celle-ci est située au sud de l’Europe de l’Est. Ses voisins : à l’est la Russie, au nord la Russie et la Belarus, à l’ouest la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Moldavie et la Roumanie, la mer noire baigne ses rivages. Sa superficie est de 603.700 km2. En 1993, la population s’élevait à 52 millions d’habitants dont 46% d’hommes et 54% de femmes. La disproportion est la conséquence directe de la 2ème guerre mondiale au cours de laquelle des millions d’Ukrainiens ont péri sur le front ou en captivité. La population rurale est de 32%. La population citadine est de 68% ; Selon le dernier recensement, les Ukrainiens représentaient environ 74% de la population, les Russes 22% (+ de 11 millions), les Biélorussiens moins de 1% ainsi que les Juifs. Le reste se partage entre les différents voisins de l’Ukraine et autres ethnies ou nationalités. Aucune de ces minorités nationales ne vit en masse compacte sur le territoire ukrainien. Contrairement à ce que l’on pense, les Russes ne constituent la majorité de la population dans aucune des régions d’Ukraine. Seule la Crimée a une population où les Ukrainiens sont minoritaires : environ 25%. Cependant, les Ukrainiens considèrent la Crimée comme historiquement ukrainienne. A l’aube du XIXème siècle, les Tatars formaient environ 80% de la population. A la suite de la colonisation russe, leur nombre n’a cessé de décroître. A la suite de la seconde guerre mondiale, les Tatars furent déportés en Asie et en 1980 ils ne formaient que 0,7% de la population. A la chute de l’Union soviétique et à l’avènement de l’Ukraine indépendante, ils commencèrent à rentrer dans leur pays et représentent aujourd’hui environ 15% de la population.

L’examen de la situation démographique de l’Ukraine dément formellement les assertions russophiles affirmant qu’il s’agit d’un état fait de bric et de broc. Mais alors que penser de la Fédération de Russie dont le territoire s’étend jusqu’à l’océan pacifique avec environ 100 peuples (plus ou moins importants) possédant des langues distinctes. Les Iles Kourilles, les territoires attenant au fleuve Amour et autres, ne seront-ils pas source de conflit ? (ils l’ont déjà été). Ce grand bric à brac n’est-il pas voué à l’effondrement ? Et pourquoi toutes ces régions ne seraient-elles pas, à leur tour, sujettes à annexions , mais cette fois ci au détriment de la Fédération de Russie ?

Les principales périodes de l’histoire de l’Ukraine sont les suivantes :

Au tout début des événements du Maïdan à Kyiv, monsieur Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France, affirmait sur un poste périphérique que « Russes et Ukrainiens sont deux peuples frères et que la Russie de Kiev en est la meilleure preuve ». Une telle affirmation rappelle ce qu’a écrit le grand historien français Michelet :

« La Russie en sa nature, en sa vie propre, étant le mensonge même, sa politique extérieure et son arme contre l’Europe sont nécessairement le mensonge. Hier elle nous disait : je suis le christianisme, demain elle nous dira : je suis le socialisme ».

Michelet écrivait cela en 1853 et de 1917 à 1989, c’est bien ce qui s’est produit.

Pour en revenir à Mr Orlov, ce qui le chagrinait le plus c’est que quelques trublions « fascistes, néo-nazis » perturbent une fraternité si enchanteresse. Évoquer la Russie de Kiev est parfaitement erroné ; l’ethnonyme Russie (rossia) n’apparaîtra qu’avec le tsar Pierre 1er. L’état de Kiev se dénommait « Rouss » (Kyivska Rouss), ce qui se traduisait en latin par « Ruthénia ».

La lecture des chroniques anciennes établit formellement qu’aucun des territoires de la future Russie ne portait le nom de Rouss. Il est paradoxal de constater que les états européens qui se sont formés à la même époque que la Rouss portent le nom des peuples qui les composent (Français, Anglais, Allemands, Tchèques, Polonais, Hongrois) mais cela ne s’applique pas à l’Ukraine. En dépit d’une volumineuse documentation, une volonté politique s’est substituée à une réalité historique.

L’historien russe Karamzine (1766-1826), fondateur de l’historiographie impériale russe, écrivait que « l’état de Kiev correspondait à la naissance de la Russie et que Kiev était la mère des villes russes ». Il ne faisait aucune mention des Ukrainiens.

Basile III, grand duc de Vladimir (la ville) et de Moscou (de 1505 à 1533) rajouta à son titre celui de Souverain de toute la Rouss. La théorie russe de la 3ème Rome (Rome, Byzance, Moscou), date de la même époque. Dès le 14ème siècle, la Moscovie imposait une version mythique de son histoire.

Michelet avait raison « Je suis le christianisme, nous dira-t-elle ».

Avec Basile III, débutait une nouvelle détermination hégémonique tant politique que religieuse qui ne faillira plus en Russie. La Rouss de « Kyiv » était un état du haut moyen âge, tout comme les Carolingiens, le grand royaume de Moravie ou le Khanat Khazar au sud de l’Europe centrale, tandis que la Russie actuelle n’était que balbutiements.

Les historiens russes soutenaient la thèse que c’étaient les Russes qui étaient les fondateurs de la Rouss. L’historien russe Pogodine (1800-1875) adhérait totalement à cette thèse et affirmait que les Russes ont vécu à Kyiv jusqu’au XIIIè siècle, plus précisément jusqu’en 1240, date de la prise de la ville par les Mongols. Puis ces Russes auraient émigré vers des territoires situés entre la Haute Volga et l’Oka. Selon Pogodine, les Ukrainiens apparurent au 14éme siècle et occupèrent les territoires du bassin moyen du Dniepr, de la Volynie et de la Galicie. Alors, se pose la question de savoir d’où venaient ces Ukrainiens ? Pogodine ne répond pas à cette question. L’ethnogenèse des Russes a effectivement débutée entre les fleuves Volga et Oka au XIème siècle et non pas au XIIIème siècle ; Ainsi la thèse considérant la Rouss de Kyiv comme le premier état russe est totalement extravagante. Afin de remédier à ce regrettable anachronisme, il fut lancé une campagne destinée à faire naître dans la conscience populaire l’idée que la Rouss de Kyiv était le berceau des 3 peuples frères (Russes, Ukrainiens, Belarus). Ces peuples étant issus d’un ancien peuple Rouss, cela créait l’illusion d’une parfaite unité organique et avait le notable avantage de considérer les Grands Princes de Kyiv, Vladimir, Iaroslav le Sage, comme fondateurs de l’état russe. Mais après la révolution, un certain nombre d’historiens soviétiques avec à leur tête l’académicien Pokrovsky ont considéré sous un autre angle le processus ethnique de la Rouss de Kyiv, se rapprochant des thèses de l’historien ukrainien Hruchevsky.

Les peuples slaves de la branche orientale de l’empire de Kyiv vivaient chacun dans un espace bien défini et ont connu des évolutions distinctes. Les « proto-ukrainiens » de la Rouss méridionale ont subi une double influence, celle des peuplades iraniennes du nord de la mer noire et celle de la civilisation gréco byzantine. Le Belarus s’est formé à partir du substrat balte et de la Rouss de Kyiv et plus tard dans un cadre confédéral polono-lituanien. L’ethnos russe s’est formé durant la colonisation par les slaves des espaces boisés qui étaient alors occupés par des Baltes et des tribus finno-ongriennes. Ainsi l’école de Pokrovsky n’intégrait pas la Rouss de Kyiv à l’histoire de la Russie, mais commençait celle-ci à partir de la principauté de Vladimir Souzdal.

Le comité central du parti communiste de l’URSS fit publié dans la Pravda du 10 Janvier 1954, un article qui déclarait qu’entre les 9ème et 11ème siècles, s’est formée une nation « proto-russe » avec une seule langue, une seule culture et le sentiment patriotique d’appartenir à une seule nation. Ce sont les conséquences des invasions mongoles, polonaises, lituaniennes, qui auraient donné naissance aux nations russe, ukrainienne, bélarus. Ainsi le comité central du parti communiste de l’URSS, aréopage d’historien s’il en est, déplaça une question scientifique pour la fixer sur un plan strictement politique. Evidemment, il était suicidaire de ne pas souscrire à ce diktat, et personne ne s’y hasarda. L’excellent historien ukrainien Gregoryi Pivtorak dénonce et démontre l’aspect mythique des affirmations des historiens russes.

Afin de mieux appréhender les événements qui se déroulent actuellement en Ukraine, il est nécessaire de rappeler ces quelques fait qui retracent nos longues relations « fraternelles ». Gregoryi Pivtorak retrace le calvaire de la langue ukrainienne dans son ouvrage « Parcours épineux d’une langue ».

Arrestation et exil sans limite de durée pour le grand poète ukrainien Tarass Chevtchenko. Sur le verdict, le Tsar écrivit de sa propre main « sous contrôle le plus sévère avec interdiction absolue d’écrire et de peindre ».

Malgré toutes ces mesures répressives, l’étonnant n’est pas qu’il y ait des russophones en Ukraine mais que la langue ukrainienne, sa culture et que l’aspiration à la liberté aient subsisté.

Le 24 août 1991 : le parlement ukrainien proclame l’indépendance de l’Ukraine. Le 1er décembre 1991 : l’indépendance de l’Ukraine est approuvée par voix référendaire avec 90,5% des voix.

Les heures les plus sombres de l’histoire ukrainienne sont sans conteste la période soviétique et la seconde guerre mondiale avec l’occupation allemande. La période de 1917 à 1920 porte également son lot de tragédies humaines.

En 1918 le gouvernement ukrainien signe avec la Russie un traité à Brest-Litovsk. Le même jour, Kyiv est occupée par les troupes russes soviétiques. Fin 1918 deuxième agression de la Russie soviétique. Fin 1919 les troupes russes s’emparent de Kyiv, mais entre temps agissent en Ukraine les troupes russes tsaristes de Dénikine qui est soutenu par les pays de l’entente. Fin 1920 les troupes ukrainiennes quittent le territoire national. Après tous ces événements le pays était totalement exsangue et de 1921 à 1923 l’Ukraine eut à souffrir d’une famine qui a fait entre 1 à 2 millions de victimes. Certains historiens affirment que cette famine n’était qu’une répétition de celle plus importante et plus impitoyable de 1933. Il s’agit d’une famine organisée par Staline, Molotov, Kaganovitch. Cette famine touchait essentiellement les campagnes, toutes les récoltes, le bétail, tout était réquisitionné ; il ne devait rien subsister qui puisse être consommé. Des brigades spéciales perquisitionnaient les fermes afin de s’assurer qu’il n’y avait plus aucun moyen de subsistance. La paysannerie ukrainienne était hostile à la collectivisation ; dans les campagnes la langue, les traditions ukrainiennes subsistaient ; mais avant de faire la guerre à un groupe social, il s’agissait bien d’anéantir un groupe ethnique réfractaire à la collectivisation et à la russification. L’Ukraine durant cette période devint un immense camp de concentration couvert de miradors. Il fut institué un passeport intérieur qui était refusé aux paysans ; ceux-ci ne pouvaient donc pas quitter leur village. Ordre avait été donné aux autorités des régions limitrophes de l’Ukraine d’arrêter immédiatement tous les individus en provenance d’Ukraine, d’organiser des patrouilles de surveillance dans les gares et d’arrêter immédiatement tous ceux qui tentaient de quitter l’Ukraine. Ces mesures n’ont été prises qu’en Ukraine et dans le Caucase du Nord où les Ukrainiens représentaient 65 à 70% de la population ; nulle autre région de l’URSS n’eut à souffrir de telles mesures.

D’autre part, en Ukraine, entre 1928 et 1938, environ 1 million de personnes furent fusillées. Puis vint la seconde guerre mondiale et les années d’occupation, la gestapo se comportait de la même façon que le NKVD soviétique. Les « Oradours sur glane » se comptent par dizaines, environ 2,5 millions de jeunes Ukrainiens furent déportés pour le travail forcé en Allemagne. La collaboration avec les Allemands ne fut pas plus importante qu’en Europe occidentale. Cependant la propagande soviétique présente les Ukrainiens comme des collaborateurs alors que proportionnellement les pertes ukrainiennes sont proportionnellement identiques aux pertes russes. Ce qui n’empêche pas la Russie de s’attribuer à elle seule la victoire sur le nazisme. En France, les médias évoquent les pertes tragiques de la Russie durant la 2ème guerre mondiale sans tenir compte des victimes ukrainiennes, belarus, caucasiennes, et autres peuples allogènes. Les indépendantistes ukrainiens en particulier en Ukraine occidentale organisèrent l’armée insurrectionnelle ukrainienne qui combattit les nazis dès 1942 puis l’armée soviétique jusqu’en 1950. Afin d’en venir à bout, l’URSS, la Pologne et la Tchécoslovaquie signèrent un pacte militaire. Cette résistance armée est qualifiée de nazis, de fasciste, alors que tout démontre le contraire, mais si l’on s’oppose à Moscou on ne peut être que fasciste ou nazi. La devise de cette armée était : Liberté pour les peuples, liberté pour les personnes !

Après ce rappel historique on est à même de mieux appréhender les événements du Maïdan de Kyiv. Le mouvement de protestation s’est installé dès que le président Ianoukovitch a rompu les discussions avec l’U.E. pour s’aligner sur la Russie. Le fait était largement prévisible car Ianoukovitch était totalement inféodé à Moscou. Pour l’écrasante majorité des Ukrainiens , l’important n’était pas une éventuelle adhésion à l’U.E. mais la recherche d’une autre vie, plus juste, plus sociale avec des lois correspondant au modèle européen. Il s’agissait de se débarrasser d’un pouvoir plus que corrompu, de mettre fin à l’oligarchie, de vivre dans un pays répondant aux standards européens. Le gouvernement et en particulier le Premier Ministre Azarov expliquait que l’on ne pouvait pas vivre comme les Européens, car dans le monde ukrainien on ne comprend pas que les homosexuels puissent bénéficier d’un traitement de faveur et que cela ne correspondait pas à la culture ukrainienne, etc ..etc.. etc… en un mot il s’agissait de la reprise de la rhétorique poutinienne. C’est la jeunesse qui, en premier lieu, se mobilisa et occupa le Maïdan soutenue par la population de Kyiv. Le Maïdan s’organisa et résista aux charges du Berkout. Aussitôt, une campagne de dénigrement se mit en place dénonçant les mouvements néo-nazis et extrémistes qui voulaient renverser un gouvernement légalement élu. A propos de néo-nazis, il est intéressant de noter qu’Amnesty International déclarait que la question des groupes néo-nazis est plus pertinente en Russie qu’en Ukraine. Après de véritables combats de rue, Ianoukovitch, bien que bénéficiant du soutien russe, dû prendre la fuite. Poutine occupé aux jeux de Sotchi, n’allait pas tarder à réagir. Des groupes armés apparurent en Crimée, Poutine soutenait qu’il ne s’agissait pas de troupes russes, mais d’éléments criméens hostiles au Maïdan de Kyiv et fidèles à Ianoukovitch. A Kyiv, siégeait un gouvernement intérimaire qui fit voter le retour de l’ukrainien en tant que seule langue officielle, car Ianoukovitch avait fait adopter une loi qui ajoutait le russe à l’ukrainien. Aussitôt chœur des vierges effarouchées, clamant sur la terre entière que l’Ukraine avait aboli la langue russe. Ces faits sont l’exemple type de mensonge, de calomnie et de désinformation. La langue russe n’a jamais été interdite. Le gouvernement intérimaire est resté tétanisé et dépassé par les événements de Crimée. Survint le référendum criméen organisé par Moscou et dont le résultat était connu d’avance, miraculeusement les éléments armés et indéterminés devinrent subitement russes. En dépit du droit international, dont Poutine n’a que faire, la Crimée fut annexée à la fédération de Russie ; Outre le non respect du droit international, Poutine a violé les termes du mémorandum de Budapest signé le 5 décembre 1994. Cet accord stipulait que l’Ukraine acceptait de se défaire de l’énorme stock d’armes nucléaires dont elle avait hérité à la dislocation de l’URSS (l’Ukraine était devenue la 3ème force nucléaire mondiale) et d’adhérer au traité de non prolifération des armes nucléaires. En contre partie, l’Ukraine obtenait de la Russie, des USA, de la Chine, du Royaume Uni et de la France, des garanties pour sa sécurité, son indépendance et son intégralité territoriale. La violation de cet accord offre une bien piètre idée quant aux garanties qui pourront être données aux futurs candidats à la dénucléarisation. Sitôt le sort de la Crimée réglé, miraculeusement une rébellion « pro-russe » s’installa à Odessa, à Kharkiv et plus particulièrement à Louhansk et à Donetsk. A Odessa survint un événement tragique des « pro-russes » restèrent bloqués dans un immeuble en flammes tandis que les Ukrainiens cherchèrent à les sauver. Les médias russes s’emparèrent immédiatement du fait, dénonçant la sauvagerie, la barbarie des extrémistes pro-nazis ukrainiens. En vérité, il est à redouter que ce soit les services secrets russes qui aient enflammés l’immeuble. Le calme revint partout excepté à Louhansk et Donetsk où des éléments russes ayant passé la frontière prirent les choses en main. Les dirigeants de ces mouvements séparatistes ne sont pas pro-russes mais russes et certains sont proches de Poutine donc vraisemblablement membres de l’ex KGB et de l’actuel FSB. Ils organisèrent des référendum où le vote (positif) était obligatoire. Ainsi donc naquirent des républiques séparatistes que personne ne reconnaît mais au même titre qui reconnaît l’annexion de la Crimée et que change cette non reconnaissance ? la réponse est lapidaire, rien !!

Le 25 mai 2014, eurent lieu les élections présidentielles en Ukraine, 11 candidats étaient en liste. Fut élu au 1er tour Petro Porochenko, avec 55% des voix, les communistes obtinrent 1,5% des voix, les candidats favorables à Moscou environ 5%, et les extrémistes de droite 1,8%. Nous sommes loin du danger présenté par les néo nazis, quant aux pro-russes ils sont ultra minoritaires.

A Donetsk et à Louhansk, il a été ordonné à la population de dénoncer les habitants qui parlaient l’ukrainien, afin d’éradiquer les éléments « fascistes » favorables à Kyiv. Certains journaux locaux proposaient de donner la chasse aux « judéo fascistes » de Kyiv. Les médias russes dénonçaient les ignobles atrocités (imaginaires) des « nationaux bandits » de Kyiv. Les médias russes affirmaient que dans les écoles l’enseignement de l’allemand avait remplacé le russe, etc …etc .. etc …

Que dire de la tragédie de l’avion de la Malaysian airline, si ce n’est que Kyiv possédait des enregistrements de conversations entre les militaires russes de Russie et des terroristes russes d’Ukraine. Ces enregistrements faisaient apparaître clairement la responsabilité des terroristes. Moscou prétendit que la roquette qui a abattu l’avion a été lancée par l’armée ukrainienne. Or, l’Ukraine n’a jamais possédé une arme aussi perfectionnée. En effet, l’armement de l’armée était le cadet des soucis de Ianoukovitch plus enclin à amasser une immense fortune. D’autre part, le peu d’empressement que mirent les terroristes à donner libre accès aux lieux de la catastrophe est significatif et révélateur.

Dernièrement un accord de cessez-le-feu a été signé à Minsk en Belarus, l’accord n’est pas respecté et il est à craindre qu’il ne le soit jamais. Les violations du territoire ukrainien sont incessantes. Poutine a bien compris que le monde occidental n’ira pas plus loin que les sanctions actuellement prises contre la Russie. En définitive l’épreuve de force qui se joue concerne également l’Europe (avec les USA et le Canada) et non pas seulement l’Ukraine. Dans les hautes sphères du Kremlin, chacun sait que Poutine ne respecte plus les USA depuis l’élection d’Obama – quant aux dirigeants européens, l’ex chancelier allemand Schroder en offre une bien piètre image. La question est de savoir si après la Transnitrie, l’Ossétie, la Crimée, ce n’est pas toute l’Ukraine qui sera annexée. Si tel était le cas, qu’adviendra-t-il des pays baltes qui faisaient partie de l’URSS ?

La doctrine de Poutine est simple : où que ce soit, si l’on parle russe c’est la Russie.

La dislocation de l’URSS est pour lui l’une des plus grandes tragédies humaines du 20ème siècle. En conséquence, il convient de reconstituer l’empire soviétique, sans respecter le droit international, et en violation de tous les traités.

Respecter la Russie ne signifie pas aimer Poutine, aimer Poutine ne signifie pas respecter la Russie.

Article original publié par CRCUF

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