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Les marginaux français qui se battent pour le « monde russe » dans le Donbass

Divers groupes extrémistes et ultranationalistes de plusieurs pays européens se battent activement dans l’est de l’Ukraine aux côté des militants de la RPD, de la RPL et des mercenaires russes. Pour beaucoup d’entre eux, c’est une sorte de safari où ils sont venus rejoindre les marginaux du « projet Douguine » et se voient maintenant comme les sauveurs du « monde russe » contre « l’impérialisme de l’OTAN » et « l’Europe libérale ». Dans cet article, nous allons nous concentrer sur les extrémistes et les soldats de fortune français, partis chercher le romantisme militaire dans le Donbass.
Depuis plusieurs mois, une demi-douzaine des Français se trouve dans le camp des militants pro-russes dans le Donbass. Selon les médias russes, ils font partie d’une sorte de brigade internationale, avec la 36e brigade de Tchétchénie et des brigades serbes, ainsi qu’une dizaine d’Allemands et quinze Polonais.  Ils se font appeler le Bataillon « Fantôme » (« prizrak »)
Nous allons vous présenter certains d’entre eux. Sur leurs comptes dans les réseaux sociaux, ils n’hésitent à déclarer leur allégeance aux rebelles qui combattent dans le Donbass.

 

Victor Alfonso Lenta (https://www.facebook.com/victordiazdevivar, https://vk.com/id247841448)

Né en 1988 à Toulouse. Français d’origine colombienne, issu des classes moyennes, il a toujours été intéressé par la guerre. À 18 ans, il est enrôlé dans le 3e Régiment aéroporté des fusiliers marins français dans la ville de Carcassonne. Il est membre des organisations de tendance nationalistes telles que le bloc Identitaire (http://fr.wikipedia.org/wiki/Bloc_identitaire) et les Jeunesses Nationalistes http://fr.wikipedia.org/wiki/ Jeunesses_nationalistes).
Le plus grand « succès » dans la vie de Victor est l’incendie d’une mosquée dans la ville de Colomiers, à la veille de l’anniversaire de Hitler, à la suite duquel il est renvoyé de l’armée.
Il a également servi quelques temps comme chef de l’organisation des Jeunesses nationalistes à Toulouse. Sur son renvoi du service actif, Victor dit qu’il était « motivé politiquement ».  Victor Lenta a passé une réadaptation et une formation se réorienter professionnellement dans la vie civile, mais a été incapable de terminer le cours et de retrouver une place dans la société.
Au début 2014, il fonde l’organisation Unité Continentale dont l’objectif principal est de réunir de jeunes marginaux français pour participer à la guerre aux côtés des terroristes pro-russes du Donbass. La page de l’organisation sur VK est https://vk.com/unitecontinentale.
Victor dit avoir lui-même servi en Afghanistan, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Dès son arrivée dans le Donbass, il dit d’abord participer aux combats au sein du bataillon « Vostok » avec quatre autres Français, et ensuite qu’il affronte le bataillon ukrainien « Kiev-2 » à Debaltseve.  Bien que récemment, il ait aussi publié des photos avec la bande de Mosgovoï.
Il semble que nos marginaux français ne soient qu’un fardeau pour tous : ils sont transférés d’un bataillon à l’autre, personne ne sachant quoi faire d’eux.

 

Guillaume Lenormand (https://www.facebook.com/guillaume.lnormand)

Pseudo « Chaton ». Né le 9 avril 1988 en Normandie, où il a participé à divers mouvements ultra-nationalistes durant les dix dernières années : Jeunesses identitaires, Parti de la France et Troisième Voie.  Il n’est pas militaire et n’a aucune expérience de l’armée, mais se nomme lui-même « volontaire pour raisons politiques ».

 

Nikola Perovic (https://www.facebook.com/frederic.delahas,
https://vk.com/id252718934)

Il est né en 1989 (?) d’origine franco-serbe. Probablement il a vécu à Belgrade. L’ancien sergent du 13e bataillon de chasseurs alpins a servi en Afghanistan. Bilingue français et serbe, il utilise le traducteur Google pour communiquer en russe. Il sert ainsi d’interprète pour les autres.

 

Mika (Mickael) Mma (https://www.facebook.com/mickael.takahashi)

Né le 13 octobre 1987. Originaire de Paris. Michael est un ancien employé du groupe de magasins Carrefour. Engagé dans la distribution de jouets pour les enfants en Syrie, il a rencontré les trois autres sur Facebook. Il est un partisan actif du dictateur syrien Bachar al-Assad et coopère avec divers groupes ultra-nationalistes en France et en Serbie.

 

Renaud Pyrénées (Renaud Regeard) (https://www.facebook.com/renaud.delagarde)


Né le 23 janvier 1990. En 2008, il rejoint le 35e régiment d’artillerie aéroportée de Tarbes. Pendant son séjour dans la ville de Nantes il est maintes fois repéré comme hooligan. « Il revenait souvent de permission au régiment avec des contusions sur le visage », dit son ancien collègue. À la fin de mars, l’ancien sergent quitte l’armée, crée la section Pyrénées, une organisation d’extrême-droite pour laquelle il rédige une « Charte des combattants révolutionnaires ».

 

Deux autres encore : Golio Ducoin (https://www.facebook.com/profile.php?id=10000159577684, https://vk.com/id269912369) et Guillaume Lextradé (https://www.facebook.com/guillaume.lextrade.5)

Ils appartiennent aux ultranationalistes et sont membres du groupe d’extrême droite Section Pyrénées.

 

Tous les marginaux français ci-dessus sont influencés par les idées d’extrême-droite et sont membres du groupe français appelé « Unité continentale ».
Leurs points de vue et leur rhétorique est l’incarnation de l’idéologie du fascisme de l’Eurasie de Douguine. « Unité continentale » voit la solution aux problèmes de la France dans le « Néo-Eurasisme » comme ligne politique. Cette idéologie qu’ils appellent continentalisme a été développée par Alexander Douguine, un fasciste russe. Elle rejette la mondialisation et le libéralisme et appelle à l’effondrement et à la destruction de l’UE. En outre, cette idéologie promeut « la coopération entre les grandes Etats-nations européennes et leurs sphères d’influence » et reconnaît le rôle prépondérant de la Russie dans la lutte contre le « mondialisme impérial, les Etats-Unis et l’Occident décadent ».
Les idéologues « d’Unité continentale » voient le conflit dans l’est de l’Ukraine comme une guerre contre les États-Unis. Dans une interview avec un site russe, Lenormand a ainsi déclaré : « L’Occident a commencé une troisième guerre mondiale en Libye et en Syrie, et maintenant elle se propage à l’Ukraine. La Russie, à son tour, a contesté la mondialisation internationale et les membres d’unité continentale sont heureux d’appuyer les forces armées russes et de leurs représentants dans l’Est de l’Ukraine ». Ils appellent cela « la solidarité eurasienne »…
Visiblement les représentants des rassemblements marginaux d’extrême-droite ont trouvé le revanchisme qu’ils cherchaient dans celui de la Russie post-soviétique. L’idée éphémère de « l’eurasisme » plantée dans le sol fertile des marginaux y a trouvé un terreau fertile.
Les militants francophones de Novorossia posent devant les caméras, déclarent lutter au front et mènent des raids de reconnaissance… Je me demande comment ils font pour « protéger la population russophone » dont ils ne sont même pas capables de parler la langue?!  Ils disent qu’ils s’expliquent en utilisant des « gestes et onomatopées ». Mais en fait, ils sont gardés à l’arrière, à l’écart des affrontements. Les journalistes russes utilisent des étrangers dans le but de soutenir la propagande de Poutine dans laquelle une poignée de Français marginaux créé l’image d’un « soulèvement eurasiens » permettant de laver le cerveau des jeunes français avec « l’Eurasie » de Douguine.
A travers la promotion et le parrainage des mouvements marginaux, les services spéciaux russes ont réussi à influencer les franges d’extrême-gauche et d’extrême-droite de la société dans différents pays du monde. Et la France n’échappe pas au virus « Eurasie », qui progresse dans les jeunes cerveaux fragiles des « champions du monde russes ».

 

Information collectée et préparée par Victory Krm avec l’équipe InformNapalm sur la base de matériaux collectés par Anton Shekhovtsov sur blogs, réseaux sociaux, publications électroniques (mentionnées dans l’article), et le groupe de données « euromaïdan Paris ».

 


Traduit par MDLF
Reproduction autorisée uniquement en indiquant le nom de l’auteur et en faisant référence à notre site www.InformNapalm.org.

 

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