L’ OTAN à la recherche d’un « compromis » avec la Russie, tout en renforçant sa présence en Europe orientale. Retour de la doctrine Truman du « CONTAINMENT ?
Malgré l’absence d’engagement direct de l’OTAN en soutien à l’Ukraine, cette dernière constitue un élément extrêmement important pour la sécurité collective européenne, donc pour l’OTAN et les États-Unis. Mais faute de volonté politique forte de la part des membres de l’Alliance, son attitude pourrait se limiter à un rôle d’endiguement de l’expansion russe: « On prend acte des avancées russes et on renforce nos lignes ». Le sort de l’Ukraine n’est donc pas sécurisé.
JENS STOLTENBERG, le nouveau secrétaire général de l’OTAN (en fonction depuis le 1er octobre 2014), aurait été choisi en raison de sa propension au compromis en pleine crise de Crimée (mars 2014, date de son élection). Il fut hostile à l’Alliance dans le passé (gauche radicale) et a conservé de bonnes relations avec les dirigeants russes. Un négociateur et un carnet d’adresses bien rempli, sans aucune expérience en matière militaire. Travailliste norvégien, ancien ministre, dont le parti avait été visé en 2011 par l’attentat de Breivik à Utoya. Il inaugurera ses visites à l’étranger par VARSOVIE et ANKARA. Il entend donc mettre sur un pied d’égalité la menace russe et la menace de l’État islamique. Bonne nouvelle pour l’Ukraine, la Pologne ? Sans doute. Le profil de Stoltenberg n’est pas offensif, mais bien plutôt celui du compromis, décidé par les membres européens de l’OTAN (donc l’UE) et les Etats-Unis. Quels compromis l’OTAN est-elle prête d’accepter ? Sur la Crimée, l’OTAN a été silencieuse. Est-cela le « compromis » tant souhaité ? L’OTAN va-t-elle FUIR le conflit ? Ce qui est clair, c’est que la Pologne bénéficiera d’un rôle fortement accru dans le dispositif de défense du continent européen, et par conséquent au niveau international. Voici la revanche d’une nation asservie bien des fois. Le tour de l’Ukraine viendra aussi. Le « couple » franco-allemand à l’ouest aura son pendant oriental: le « couple » polono-ukrainien / ukraino-polonais, très certainement, utile à l’ancrage européen de l’Ukraine.
IRONIE DE L’HISTOIRE
Le profil du nouveau secrétaire général de l’OTAN est emblématique du virage de la gauche européenne: de l’anti-américanisme à l’atlantisme, de l’anti-libéralisme à la social-démocratie libérale. C’est une extraordinaire ironie de l’histoire à laquelle nous assistons: l’ancienne gauche pacifiste et anti-américaine en rempart de l’Alliance atlantique contre la Russie, et les droites radicales d’Europe, anciennement anticommunistes, aplaties devant le chef du KGB Vladimir Poutine qui, rappelons-le, estima catastrophique la dislocation de l’URSS. Renversant !