Aujourd’hui, il est évident qu’aucun pays ne veut confronter la Russie militairement. Malgré l’existence du Mémorandum de Budapest, le soutien à l’armée ukrainienne se résume à des entraînements et à du matériel “non-létal”. Le renforcement réel des sanctions, et non pas juste un élargissement de leurs listes d’un ou deux noms reste éphémère. L’idée très populaire en Ukraine de la coupure de la Russie du système SWIFT semble dans se contexte complètement irréaliste.
Ce qui est commun à toutes ces mesures c’est qu’elles vont certainement conduire à des actions réciproques de la part de la Russie. Nous le voyons très bien avec les sanctions économiques européennes. La Russie a imposé des contre-sanctions et par conséquent l’Europe en paye le prix lourd et le gouvernements sont obligés à se justifier régulièrement. La question est s’ il existe des mesures complémentaires qui pourraient être efficaces. La réponse est “oui”.
Un exemple très concret est le fiasco de la chaîne de propagande russe RT en France.
De nombreuses sources le lient à l’affaire Ioukos, et notamment au gel des avoir russes en France. Cette situation est différente de l’interdiction des relais de propagande russe dans les pays de l’Europe de l’Est. Nous ne sommes pas ici dans le cadre de la soi-disant menace à liberté d’expression, dont la Russie abuse quotidiennement. Nous sommes dans le cadre de lutte contre le crime organisé, l’abus de pouvoir et la corruption. Cela montre, qu’en luttant contre ces problèmes, on obtient également des dommages collatéraux auxquels on ne pouvait pas s’attendre dans une vision simpliste.
Le régime russe est fondamentalement corrompu. Une très grande partie de fortunes a été construite grâce à des abus de pouvoir et, comme le montre une enquête actuellement en cours en Espagne, les liens entre les autorités russes et le crime organisé sont profonds. Dans le passé, pour des raisons que l’on peut imaginer politiques, certaines affaires impliquant la Russie ont été fermés ou classés sans suite, d’autres n’ont jamais été ouvertes.
Aujourd’hui, la situation est différente, la Russie est du moins en guerre d’information contre l’Europe. Le temps n’est-il pas venu de mener des investigation sur la provenance des fonds qui ont permis aux russes, proches du pouvoir d’ acquérir des biens en France, à commencer par le villa de la fille de Poutine à Biarritz... Ce ménage chez-soi pourrait également rendre la Russie plus flexible sur d’autres dossiers, y compris l’ukrainien.
Par Igor Reshetnyak
Note : « Les Réseaux du Kremlin en France » par Cécile Vaissié