Le photographe Sergei Loiko, dont les œuvres sur la Donbass ont été victimes d’un pogrom au Centre Sakharov, a comparé la Russie moderne à l’Italie fasciste. La comparaison est effectivement proche de la vérité, quand déjà une deuxième exposition est vandalisée à Moscou dans la même journée – cette fois non pas à cause de la nudité, mais à cause de sa thématique ukrainienne et en même temps on interdit le Majlis des Tatars de Crimée, cela ressemble vraiment au début de la folie publique et juridique sous Mussolini ou Hitler.
A ceci près que Mussolini avait d’abord lâché les milices dans les rues, puis a commencé la guerre. Et Poutine parvient à faire les deux en même temps. Et les accusations d’implication de la Russie dans la destruction de l’avion de ligne ont été prononcés les jours, quand les milices vandalisaient les expositions. Mussolini lui même serait jaloux.
Le fait que la Russie ressemble de plus en plus à un pays fasciste, ne me surprend pas. Ce qui est surprenant, c’est que ni à l’ Occident ni en Russie ni en Ukraine on ne veut obstinément pas le voir. Quand les démocrates russes participent à la campagne électorale – et ils font face aux partis fascistes et communistes et la machine d’un Etat fasciste elle-même – que veulent-ils obtenir? Peut-on gagner contre des fascistes? Peut-on siéger avec dans un même parlement? Quand des experts ukrainiens viennent pour prendre part à des émission de la télévision russe – ne se rendent-ils pas compte qu’ils deviennent des rouages dans la machine de la propagande d’un État fasciste? Lorsque des citoyens ukrainiens viennent à Moscou pour se promener ou travailler – ne comprennent-ils pas qu’ils marchent dans les rues de Berlin ou à Rome des années 30?
Mais le plus répugnant ce sont les rencontres avec Poutine. Quand des politiciens rencontrent un autocrate, impliqué dans les crimes terribles de ces dernières années – je peux encore comprendre le dialogue, l’apaisement, tout cela. Mais quand Poutine est invité en visite à Helsinki? A Paris !!!
Il y a un film magnifique « Thé avec Mussolini », le personnage principal est une vraie dame britannique qui rencontre le dictateur dans l’espoir qu’il sera en mesure de protéger ses compatriotes des milices. Je me suis rappelé de ce film, lorsque ces gentlemen britanniques de Eaton ont pris du thé avec Poutine et puis ont partagé leurs joyeuses expériences sur les réseaux sociaux.
La différence est que entre la rencontre de la dame avec Mussolini et la rencontre des messieurs de Eaton avec Poutine il y a eu la Seconde Guerre mondiale. On constate qu’elle n’a pas changé grand chose.
Source : article de Vitaliy Portnikov
Image Un petit groupe d’activistes tient des affiches comparant Vladimir Poutine à Adolf Hitler, le 3 mars 2014, à Vienne (Autriche). (DIETER NAGL / AFP)