
« Toute guerre aime la victoire et n’aime pas durer »
Song Jiang
Nous commençons notre résumé par cette citation qui reflète exactement ce qui s’est passé dans le Donbass. La trêve qui a débuté après l’abandon de Debaltseve par les forces armées ukrainiennes était indispensable pour les deux parties. Les rebelles ont subi des pertes humaines considérables. À Altchevsk, les combattants locaux « se réfugiaient » dans les hôpitaux, pour ne pas être envoyés au combat et les soldats ukrainiens ont été démoralisés par le départ de Debaltseve. Le retrait des armements lourd a suivi, mais pour les rebelles se n’était que le ballet des engins qui partaient par les principaux axes routiers pour revenir par de petites routes de campagne. Dans quel but ? Pour tromper l’œil vigilant des représentants de l’OSCE ou pour occuper les combattants en les obligeant à rester disciplinés? On n’en sait rien. Il est pourtant évident qu’en faisant semblant de retirer l’artillerie, les rebelles ont réussi à concentrer une grande quantité d’unités motorisés sur de principales directions d’offensive. Il est à noter que les entraînements permanents des unités de combattants ont toujours lieu et l’ennemi construit des fortifications pratiquement partout.
Il s’avère toutefois que la trêve a joué son rôle positif. Dieu seul sait comment, notre gouvernement a réussi à obtenir la première tranche de 5 milliards d’euros de la part du FMI. Ce détail pèse lourd, en ce qui concerne les futurs choix de stratagèmes par Moscou. D’abord, Poutine commence à comprendre qu’on ne va plus lui faire peur sans raison. On voit que c’est la fin du spectacle joué par l’Europe et intitulé « Nous exprimons une grande préoccupation au sujet des événements en Ukraine ». La Chancelière Angela Merkel n’a pas parlé dans le vide, lorsqu’elle menaçait de donner une réponse conséquente aux tirs sur la ville de Marioupol et les villes du nord du Donbass. Cela fait un an que l’Ukraine réclame cet argent aux argentiers du FMI et à présent les événements doivent suivre leur cours. Deuxièmement, la loi concernant le statut spécial des régions de Donetsk et de Louhansk a été promulguée, ou, plutôt la version de cette loi, exigée par Moscou a été rejetée, ce qui laisse la Russie sous la pression de la communauté internationale. Poutine est obligé de trouver de l’argent pour subvenir aux besoins de ces régions contrôlées et chercher un autre moyen de déstabiliser la situation en Ukraine. Et les possibilités ne manquent pas. Nous éviterons de traiter le cas de Kolomoïskiy et les nouvelles bourdes de Firtach. Poutine dispose encore de l’atout Akhmetov.
C’est précisément à l’aide de ce dernier que Moscou tâchera d’ébranler Marioupol. Cela ne veut pas dire que Rinat Akhmetov lui même est l’agent de Moscou. Tout simplement, Moscou peut se servir des intérêts d’Akhmetov. En quoi cela consiste? Malgré de gros dégâts dans le Donbass, les entreprises d’Akhmetov n’accusent pas de grosses pertes. Il faut également comprendre la production de l’acier dans les aciéries appartenant à Akhmetov. Voilà pourquoi, la situation où les pro-russes déstabilisent Marioupol devient possible, ensuite, les troupes russes entrent à Marioupol et la suite, vous la connaissez (RPD…). À en juger des tentatives à l’aéroport de Berdyansk, cette hypothèse n’est pas à exclure. Voilà pourquoi, pendant que les uns se battent pour leur influence à Ukrtransnafta, les autres songent à arracher encore une partie de l’Ukraine.
Si, toutefois, l’entrée en force est privilégiée, voilà à quoi elle ressemblerait : pendant que les événements à Konstantinvoka suivaient leurs cours (un accident y a eu lieu), l’ennemi a effectué le transfert de ses forces vers les banlieues nord-ouest de Horlivka. Les émeutes du mécontentement parmi la population locale, à cause de la mort d’une fillette, devaient paralyser les actions de la 81e brigade, ce qui devait permettre la percée dans la direction de Horlivka-Dzerjinsk-Konstantinovka. Tout devait se solder par la prise de la ville par les séparatistes. Le travail coordonné de la Ministère de la Défense et des médias a permis non seulement de punir les coupables, mais aussi de présenter cette information de façon claire et efficace. Il est quand même trop tôt pour se réjouir, parce que nous disposons d’informations (non vérifiées) concernant l’arrivée à Konstantinovka du noyau dur des rebelles qui a pour objectif de déstabiliser la situation dans la ville.
D’après les sources d’information, les séparatistes ont réparé les voies de la liaison ferroviaire à Debaltseve, ce qui leur facilite l’approvisionnement des unités déployées près de la ligne du front. Toutefois, l’offensive le long de la route M03 qui relie Debaltseve à Artemovsk reste impossible, a cause des réservoirs d’eau situés entre ces deux localités. Alors que si l’offensive est mené de Horlivka ou Pervomaïsk, Artemovsk est réellement menacé, d’autant plus que les séparatistes seront en mesure de prendre le contrôle de Konstantinovka.
Si Konstantinovka est sous le contrôle des séparatistes, ils éviteront à coup sûr, de se diriger sur Kramatorsk par Droujkovka ou Alekseevo-Droujkovka. Les généraux des forces armées russes se souviennent de la triste expérience de la 1ère Tchétchène. Ils préféreront certainement avancer leurs troupes vers Sloviansk, par la M03. Il ne faut pas non plus oublier que les arbres vont bientôt se couvrir des feuilles. Nous avons en mémoire la campagne estivale de l’année dernière, où les forces séparatistes minoritaires résistaient avec un certain succès aux forces armées ukrainiennes, au nord de la région, en ayant recours à la tactique de la guérilla. La prise de contrôle de Konstantinovka permet de continuer l’offensive par Krasnoarmiysk, ce qui laisse aux séparatistes le contrôle des portes de la région, côté ouest.
C’est la guerre de Kolomoïskiy contre les oligarques et contre le pouvoir qui nous mène à reconsidérer le scénario de l’offensive sur Krasnoarmiysk. La ville de Dnipropetrovsk (dont une grande quantité d’habitant dépend de l’entreprise Youjmach qui vend sa production à la Russie) n’a pas trempé dans le séparatisme, précisément à cause des actions efficaces de son gouverneur. Alors que la pression sur Kolomoïskiy pourrait mener à la déstabilisation de la situation dans la région, voyez-y toutes les conséquences possibles.
Nous avions déjà noté dans notre précédent résumé que la prise d’Artemivsk compliquerait l’approvisionnement des forces armées ukrainiennes, en outre de la couverture du flanc gauche des troupes séparatistes que cette prise de contrôle leur offrirait. La prise d’Artemivsk ouvre la voie vers Lyssitchansk, où l’objectif est la prise du contrôle des traversées. Le point situé à N48,819444° E38,588033° requiert une attention particulière. C’est là que se situe le gué de la rivière Severskiy Donets. Contrôler ce gué signifie pouvoir transférer le matériel militaire sur la rive nord et approcher la ville de Chtchastya. Les articles de notre expert ROSO, Irakli Komaxidze parlent de la concentration des troupes ennemies près de la localité de Millerovo, ce qui laisse supposer une forte probabilité de l’offensive de troupes venant de la Russie. Ces troupes traverseraient la rivière Severskiy Donets au niveau de Lyssitchansk et Oustinovka .
Stanitsa Louhanskaïa doit également rester très contrôlée, car les séparatistes ont déjà essayé de traverser la rivière et de construire un checkpoint sur la rive nord.
En ce qui concerne, la direction de Vessela Hora-Chtchastya, nous voulons encore une fois évoquer la rivière Severskiy Donets, l’activité accrue dans cette région ne peut qu’avoir un caractère de diversion.
Descendons vers le sud. Les séparatistes continuent d’accumuler les troupes pour attaquer Avdiivka. Est-ce à cause de la cokerie ou juste le besoin de repousser les forces armées ukrainiennes de la route M04, pour éviter tout contrôle des déplacements du matériel militaire ? Quoi qu’il en soit, les séparatistes n’abandonneront pas l’idée de prendre le contrôle d’Avdiivka.
Si l’on descend encore en dessous, on remarque l’ activité accrue des séparatistes autour de Dokoutchaevsk et de Starobechevo. L’ennemi accumule les moyens techniques pour attaquer Volnovakha et continuer vers Volodarske et Mangouch, afin de couper Marioupol des voies d’approvisionnement. Les séparatistes accumulent leur matériel militaire près de Chirokino, en essayant d’y attirer les forces ukrainiennes. Le débarquement des parachutistes à Berdyansk reste probable, vu les récentes manœuvres de l’infanterie de marine des forces armées de la Russie en Crimée.
Par Artem Vassilenko, avec la participation des membres de l’équipe d’InformNapalm.
Traduction de Viktoria Mait.
1 réponse to “Résumé de la situation par l’équipe d’InformNapalm en date du 24 mars 2015”
2015-04-02
Suite du résumé de la situation en Ukraine par InformNapalm au 24/3/2015[…] L’article de base : https://informnapalm.org/fr/resume-de-la-situation-par-l-equipe-d-informnapalm-en-date-du-24-mars-20… […]