
Les rumeurs se répandent parmi les militants et leurs partisans qu’une nouvelle offensive est sur le point de commencer. Nous allons essayer de comprendre la situation actuelle et de faire des prévisions quant à la possibilité de cette offensive et les cibles les plus probables pour les attaques.
Sur la base des informations que nous recevons de nos informateurs, la taille du contingent russe à Louhansk a augmenté. Au cours des derniers jours, un plus grand nombre d’armes sont arrivées à Louhansk, via Krasnodon, depuis le poste frontière non contrôlée par les forces ukrainiennes d’Izvaryne. Les rapports préliminaires indiquent que les convois ont continué jusqu’à Alchevsk. Le convoi était composé à la fois de véhicules neufs et endommagés.
Aujourd’hui encore, une vidéo a été publiée montrant un groupe de soldats marchant en formation pour aller manger à l’ancien café Mafia. Selon les habitants, il s’agit de militaires russes logés à proximité dans une rue du quartier de Ieremenko à Louhansk.
De toute évidence, l’accumulation de forces et les livraisons de nouvelles armes sont faites pour une offensive à venir. Considérant que Chtchastia est protégé par la rivière Siverskyi Donets au sud, nous pourrions nous attendre une future tentative d’attaquer Stanytsia Louhanska pour permettre un déploiement discret de forces supplémentaires de Russie le long de la rive nord de la Siverskyi Donets. Les tentatives de sabotage, semblables à celle qui se sont produites à Chtchastia le 5 avril, pourraient être utilisées comme diversion.
L’accumulation de forces continue dans la zone de Pervomaïsk et de Stakhanov. En particulier, nous savons que deux compagnies de chars sont arrivées à Bryanka et qu’un groupe d’environ la même taille est arrivé à Stakhanov. Cela augmente les chances d’une avance des militants vers Artemivsk depuis l’est et dans la zone de Lysychansk-Severodonetsk-Rubizhne. Celle-ci est nécessaire pour obtenir le contrôle des passages sur la Siverskyi Donets et de protéger les flancs de la première attaque. Cette première attaque, si elle est faite en coordination avec la RPD et qu’elle se passe la frontière de l’Oblast de Louhansk, est susceptible d’entraîner la prise d’Artemivsk. L’attaque sera probablement dirigée à la fois au nord et au sud de Popasna, sans attaque directe contre la ville, puisque la probabilité de s’enliser dans des combats de rue est trop élevé.
Ce qui précède est également attesté par des déclarations d’informateurs de Horlivka sur l’accumulation d’armes et de troupes dans le lotissement de Holmovskyi, et par le feu continu qui harcelle les forces de l’ATO près de Maïorsk. Par conséquent, la prochaine attaque est attendue dans la direction de Horlivka – Artemivsk.
À l’ouest, la possibilité d’une attaque d’encerclement d’Avdiivka du nord et du sud reste réelle. Nous l’avons évoqué dans nos précédents rapports.
Mariupol reste la direction la plus critique. Une attaque frontale contre la ville est impossible, bien que la volonté de l’armée hybride russe de sacrifier une grande force pour atteindre cet objectif ne doive pas être écartée. Une attaque d’encerclement par Dokuchaevsk vers Berdyansk semble être une approche plus rationnelle. Cette suggestion est soutenue par les rapports de l’arrivée à Berdyansk d’un grand groupe de militants, dont l’objectif sera de déstabiliser la situation dans la ville. Si ces rapports sont confirmés, il y a une très forte probabilité d’attaque depuis Dokuchaevsk, où de nouveaux renforts sont arrivés samedi, contre Volnovakha et ensuite vers la périphérie ouest de Mariupol. Par conséquent, il faut s’intéresser au climat social dans les villes et villages à proximité des lignes de front.
Dans le domaine de la politique étrangère, la Russie poursuit ses efforts de déstabilisation dans le monde entier. Un nombre croissant d’analystes accusent la Russie d’avoir encouragé l’insurrection Houthi au Yémen. Compte tenu de la pauvreté et de la faim dans ce pays, ce serait une tâche triviale pour la Russie. Tout ce qu’il faut, c’est un d’argent et quelques armes.
Le conflit militaire en Ukraine doit être replacé dans un contexte plus large, dépassant le système fermé d’une guerre entre un ancien empire et son voisin essayant d’échapper à une sphère d’influence. Rappelez-vous qu’un papillon battant des ailes d’un côté du monde peut provoquer un ouragan de l’autre côté…
Rédigé par Artem Vasilenko et Roman Burko avec le soutien de bénévoles et des informateurs de l’équipe d’InformNapalm.
Traduit par Marc de la Fouchardière