Photo 1: le char ukrainien
La propagande russe aime utiliser la rhétorique de la Seconde Guerre mondiale, oubliant le fait qu’en 2014, personne n’a attaqué la Russie, et qu’au contraire, c’est elle qui joue le rôle de l’agresseur. Soldats et officiers russes ont étrangement peur de faire étalage de leurs aventures en Ukraine et en parlent uniquement sur les réseaux sociaux entre amis et collègues. On pourrait presque dire que l’armée russe a réussi un an après l’agression à transformer des agresseurs « polis » en agresseurs « timides ». Une autre confirmation…
Une simple photo : des hommes « verts » examinent un char ukrainien T-64 détruit. Il est étrange qu’un an après le début de la guerre, ce char continue à avoir le moindre intérêt pour eux. Mais un examen plus attentif révèle quelques bizarreries dans la photo. L’un des participants à l’événement, affublé de ses rubans blancs, sert visiblement de guide pour la personne sur les épaules de laquelle on observe clairement des insignes de colonel. Tiens tiens ! Un homme avec un tel grade doit occuper une position élevée dans la hiérarchie de la Nouvelle Russie. Je rappelle par exemple, que les imposteurs Basurgin ou Givi portent les insignes de lieutenant-colonel (подполковник) tandis que l’imposteur Zakharchenko a moins : il n’est que commandant (майор). Strelkov-Girkin était colonel. C’est pour dire qu’on ne croise pas souvent des colonels dans le Donbass occupé. Même si l’on a souvent rencontré, sur les photos, des généraux parmi les curateurs russes.
Le troisième personnage est tout aussi surprenant. Tant que son visage est caché, il ressemble à un insurgent ordinaire. Mais dès que le colonel s’écarte, la question se pose : « Qu’est-ce qui se passe ici? » devient la seule question appropriée dans cette situation.
Photo 2 : le garde du corps
Le colonel inconnu a non seulement un guide mais aussi un garde du corps personnel armé d’un fusil pour sniper à silencieux (BCC « Vintorez ») qui est l’arme des forces spéciales russes.
Les deux photos ont été postées sur la page sociale d’un homme se cachant sous le pseudo VKontakte de « Street Workout ». L’auteur de cette page se présente à nous sous la forme d’un soldat très motivé de l’armée russe, découvrant les steppes de Rostov à la frontière avec l’Ukraine, armé d’un fusil pour sniper Dragounov, « СВД-С » dans la nomenclature russe.
Photo 3 : Plastun
De la similitude de l’uniforme et surtout des chaussures du « garde du corps » du « Colonel en promenade », on peut faire l’hypothèse que l’auteur des pages a également participé à la tournée en tant que garde du corps et photographe. Cette hypothèse est renforcée lorsque vous voyez le même combattant armé de rien de moins que de l’arme automatique russe « Val » avec silencieux.
Photo 4 : Val
Il est clair qu’aucun des participants à la séance photo n’a cherché à faire la publicité de ses activités sur le territoire d’un État voisin. L’auteur, se cachant derrière un surnom, comme il sied à un espion, ne doit pas craindre pour l’avenir. Ni prénom, ni nom, ni adresse. Même son appartenance à l’armée russe est difficilement prouvable. Comme on le dit dans la tradition soviétique : « Si ton nom est inconnu, alors tes actes… ». Tout cela serait vrai s’il n’y avait sur la page de ce soldat des photos plus anciennes faites en novembre 2014.
Photo 5 : notre soldat
Difficile de cacher l’évidence. Le symbole sur la droite est celui de l’armée russe. Galons de parachutiste. Signe de la 24e brigade des forces spéciales du renseignement militaire (GRU) près l’état-major du ministère de la défense (« 24 Обр СПн ГРУ ГШ МО » (Oblast de Tsita). Bien sûr, pour un garde du corps !
Photo 6 : le symbole
Le plus drôle, c’est que grâce à l’uniforme il est même possible de déterminer le nom du soldat ! La bande sur la gauche dit Konchine ou Konichine. Grâce à ses amis, on a même réussi à déterminer (vraisemblablement) d’où vient ce soldat : du village d’Ochib, dans la région de Perm. Dans la région il y a même un village appelé Konchina. Quel intérêt alors de se cacher derrière un pseudonyme ?
Et maintenant, vous pouvez réfléchir sur la personne du mystérieux colonel qui scrute un char ukrainienn sur le territoire ukrainien, accompagné par des membres des unités d’élite de la division du renseignement de l’état-major général du Ministère de la Défense de la Fédération de Russie. Qui l’armée russe pourrait-elle envoyer sous le couvert de ces spécialistes ?
Je ferai encore une hypothèse. Notre colonel en promenade ressemble beaucoup au vrai commandant du 45e régiment de la garde des forces spéciales, le colonel Vadim Ivanovitch Pankov.
Photo 7 : le colonel.
Sur son portrait, il y a cette ligne :
« En 2007 : officier supérieur de la Division du renseignement de l’état-major des forces aéroportées, la même année, redevenu commandant adjoint du 45e régiment du renseignement. »
Il semble que l’autre soldat a décidé d’améliorer son curriculum vitae en raison de la souffrance des citoyens de l’Ukraine. Mais tout finit par se savoir tôt ou tard, et le châtiment frappe tout le monde.
Informations préparées par des équipes d’experts d’InformNapalm pour la surveillance par vidéo Al Gri.
1 réponse to “Un colonel du renseignement en promenade trahi par une petite étiquette”
2015-04-04
Alors, M.SARKHOLLANDE et Mme MERKEL, complices ? : | beynost[…] Source : https://informnapalm.org/fr/un-colonel-du-renseignement-en-promenade-trahi-par-une-petite-etiquette/ […]