Récemment, InformNapalm a publié l‘article concernant la probabilité du début de l’ opération militaire de la Russie en Libye aux côtés des forces loyales à Khalifa Haftar avec le soutien des autorités égyptiennes. Pendant un mois écoulé depuis les premiers signes de l’opération envisagée, l’analyse de la situation politique et militaire montre la pertinence de ce scénario et des signaux qui peuvent témoigner qu’à Moscou, on continue d’évaluer la faisabilité d’une telle opération et de sa préparation.Les résultats de notre analyse montrent avec un haut degré de probabilité les efforts diplomatiques en cours pour étudier la réaction de différents pays sur la possibilité d’une telle opération et son soutien au niveau des gouvernements étrangers.
Selon le journal « Izvestia » , le chef de l’armée libyenne Khalifa Haftar a remis aux autorités russes une demande de commencer la fourniture d’armes aux forces libyennes et d’ouvrir un deuxième front dans la guerre contre le terrorisme mondial, en Libye, en plus de la Syrie. Selon des informations non confirmées, la demande a été remise par l’ambassadeur de la Libye en Arabie Saoudite, Abdel Basset al-Badri, qui est venu à Moscou pour un jour.
Pour la Russie l’avantage de la campagne en Libye sera de renforcer sa position en Afrique du Nord et de ramener le niveau des relations avec le Caire au niveau qui existait en période du règne de Gamal Abdel Nasser. Dans le même temps Moscou reçoit des possibilités supplémentaires pour influencer l’UE et l’ Algérie, et ainsi vole à Washington son image du leader dans la lutte contre le terrorisme international. Pour l’Union européenne, la Libye, comme facteur de migration, est une menace plus tangible que la Syrie, ce qui ouvre des perspectives pour le Kremlin, comme l’intensification du dialogue avec Bruxelles et avec les États membres de l’UE: la France et l’Italie. À ce jour, il y a des signes d’une possible évaluation du dialogue de Moscou avec Paris à ce sujet et en ce qui concerne la possible participation de la France dans la campagne militaire à mener conjointement avec l’ Egypte. Moscou espère que Paris pourrait soutenir l’idée d’être mieux représentée au sein du gouvernement libyen.
Le 26 septembre, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense français, a annoncé la coopération française avec l’Egypte dans la lutte contre l’EI. Malgré le soutien du gouvernement français d’Unité nationale à Tripoli et des sanctions contre les dirigeants du Parlement à Tobrouk (qui soutient H.Haftar – note d’IN),
Le 4 Octobre lors de la réunion à Paris sur la situation en Libye, les représentants du gouvernement de Faiza Saraj (gouvernement d’Unité nationale – note d’IN ) n’ont pas été invités. La réunion a rassemblé des représentants de l’Allemagne, de l’Egypte, de l’Italie, du Qatar, de l’Espagne, de l’Arabie Saoudite, de la Turquie et les Émirats arabes unis. Les organisateurs français ont expliqué cette absence par le fait que l’événement a été préparé dans un laps de temps très court, bien que Saraj a été en visite officielle à Paris, et cette visite a été achevée quelques jours avant la réunion. L’explication la plus probable est la reconsidération par la France de la configuration des forces au pouvoir en Libye. Le 13 septembre Middle East Eye a publié un enregistrement de la conversation entre les pilotes d’avions qui ont soutenu les troupes de Haftar contre les groupes de militants dans l’ est de la Libye.
La publication a identifié les pilotes appartenant à l’Armée de l’Air de la Grande-Bretagne,de la France, des Emirats arabes unis ( avec l’indicatif d’appelant Shihab-11). Si l’information est confirmée, cela peut indiquer la présence des forces militaires de ces pays pour apporter le soutien à Haftar, et qu’ il existe un canal de communication constante entre ces forces tout en maintenant la position officielle de l’appui du gouvernement de Saraj.
Compte tenu de l’importance stratégique de la Libye pour l’Union européenne, il y a lieu de craindre que la campagne dans le pays peut devenir un prétexte pour la reprise du dialogue de l’UE avec le Kremlin.
À Moscou, on estime que la formation de la coalition dans la région, avec l’Egypte sunnite dans un environnement où le Kremlin travaille avec les pays où la population chiite est dominante, le Kremlin va pouvoir démontrer aux élites régionales que les préférences confessionnelles ne constituent pas le fondement pour des actions de Moscou.
Les récentes déclarations officielles du Ministère de la Défense russe concernant les détails de la préparation des exercices militaires russo-égyptienne, ainsi que des informations sur les exercices en cours qui nécessitent le transfert des unités d’approvisionnement et de logistique à une longue distance confirment indirectement la préparation de la Fédération de Russie à mener une opération militaire à une distance considérable de ses frontières.
Les récentes déclarations du Ministère de la Défense russe
L’ Egypte est intéressé par la campagne militaire en Libye afin de minimiser les risques du passage des terroristes de l’EI sur son territoire, ainsi qu’en démantèlement du gouvernement à Tripoli, qui est composé des représentants des « Frères musulmans », recevant un soutien financier et militaire du président égyptien déchu Mohammed Mursi, représentant également les Ikhwans. Mener une campagne militaire permettra au Caire d’accroître son influence dans le monde arabe, l’influence que Le Caire a perdu après le renversement du régime de Moubarak en 2011.
Le Caire officiel soutient la politique et les actions de Khalifa Haftar Le 16 Septembre l’ Egypte a soutenu les actions de l’armée nationale libyenne sous son commandement, lorsque cette armée a pris le contrôle du plus grand port pétrolier à l’est du pays, qui était avant sous le contrôle d’Ibrahim Dzhadrana ( « Les gardes de la protection des installations pétrolières ») et en attente du transfert de son contrôle au gouvernement de Saraj.
Le chef du ministère égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry a qualifié la déclaration des États-Unis et des cinq pays européens contenant l’appel à l’armée libyenne de quitter les installations pétrolières comme étant « hâtive » et « ne pas prendre en compte toutes les particularités de la situation intérieure en Libye. »
La prise du contrôle des terminaux pétroliers rend la reprise des exportations du pétrole libyen dépendant des décisions du Parlement de Tobrouk et pourrait limiter considérablement les revenus de la Banque centrale de Libye, qui est sous le contrôle du gouvernement de Tripoli. Cependant, si Haftar souhaite le retour des ports sous le contrôle de la compagnie nationale pétrolière de la Libye, cela signifie que son but est la stratégie à long terme pour renforcer sa position dans toutes les régions de la Libye. Le transfert du contrôle des ports a eu un impact positif en se qui concerne le soutien de Hafthar par la population. Il est peu probable que Haftar vise seulement à réviser les accords de Shirat et à devenir commandant des forces armées de la Libye ou le ministre de la Défense, parce que cela signifie conserver le gouvernement de Saraj. Au contraire, il est intéressé par la dissolution du gouvernement actuel et voudra obtenir le contrôle sur l’ensemble du territoire de la Libye. Basé sur le contrôle de la Cyrénaïque, un tel scénario peut être réalisé en collaboration avec les tribus de la Tripolitaine et l’appui sur les forces, qui ont soutenu le régime de Kadhafi en formant un modèle de représentation politique et la répartition des revenus pétroliers.
Le renforcement de la Russie en Egypte et le début de la campagne en Libye est une menace pour l’Ukraine dans le sens de son éviction du marché égyptien, de la perte totale du marché libyen, ainsi que des conditions créant la possibilité de la reprise des négociations entre l’UE et la Russie.
Par Anatoly Baronin en exclusivité pour InformNapalm.
Traduction par Viktoria Mait