
La militarisation croissante et la nouvelle réforme de l’armée russe, suite à laquelle les troupes de l’Armée de Terre devraient revenir à la structure des divisions (alors qu’avant c’étaient des brigades ) ainsi que le transfert et le déploiement de nouvelles formations militaires à proximité de la frontière avec l’Ukraine et Biélorussie, représentent une menace non seulement vis-à-vis des États voisins, mais aussi les pays de l’Europe Occidentale.
Les bénévoles d’InformNapalm,, en surveillant ce “jeu des muscles” russe, ont trouvé les informations qui confirment les données du Service des renseignements, en ce qui concerne la probabilité de guerre à grande échelle. Les recherches OSINT nous ont permis de découvrir les données concernant la création et l’entrainement de nouvelles unités structurées de reconnaissance et de débarquement, au sein des bataillons de fusiliers motorisés.
Nous avons déjà habitude de voir tant les conscrits que les militaires sous contrat se vanter sur les réseaux sociaux. Chacun exhibe une médaille, parfois reçue pour de divers services rendus, à l’État, ou, encore, achetée sur le marché noir avec le certificat, signé par le commandant du régiment qui a reçu un pot de vin. Comme ce fut le cas de Roman Rever, “ancien combattant” et membre de la 18e Brigade de fusiliers motorisés qui, après avoir effectué ses 3 “missions” dans le Donbass, n’a pu afficher qu’une seule décoration qui a plutôt l’air d’un lot de consolation. Ce pins “Le maréchal de l’URSS Joukov” a été acheté dans une boutique en ligne et son certificat a été signé par son commandant par intérim. L’essentiel est de prouver l’ importance. Nous parlerons encore, dans nos futures publications des récompenses et des récompensés.
Les médailles ne sont pas le seul prétexte pour la vantardise des militaires russes. Souvent, de simples fusiliers marins des unités de reconnaissance s’imaginent déjà être le spetsnaz de GRU : ainsi, ils prennent des photos en uniformes aux éléments inhabituels et exhibent leurs tatouages et insignes aux symboles et mots d’ordre des unités des parachutistes et de GRU.
Nous avons remarqué ces derniers temps, une curieuse coïncidence sur les profils des réseaux sociaux des militaires russes : les attributs des troupes aéroportées font leur apparition, en grand nombre, sur les uniformes des militaires des unités de renseignements des Régions du Sud et du Centre. Ce sont les marinières, les boutonnières des troupes aéroportées, les fanions, etc. Après une étude plus approfondie de ces cas, nous avons rejeté l’hypothèse de la vantardise habituelle, si présente chez les militaires russes de ce corps. Nous avons donc conclu qu’au sein des bataillons de fusiliers motorisés des unités de reconnaissance ont été créées.
Les compagnies de renseignement et de débarquement comme cible de notre enquête
Nous allons prendre comme exemple la 19e Brigade de fusiliers motorisés, unité militaire 20634, déployée à Vladikavkaz (Ossétie du Nord), pour parler de l’apparition de ces unités de reconnaissance et de débarquement créées au sein de la structure. Nous avons évoqué cette brigade à plusieurs reprises, dans le cadre des “missions” effectuées en Ukraine par ses membres. Aujourd’hui, nous n’allons pas évoquer des noms des militaires, comme c’est en notre habitude. Nous continuons la surveillance de leurs profils sociaux, ainsi que celle des militaires d’autres formations de l’armée de terre russe. Dans cet article, nous présenterons quelques faits qui ont servi à faire notre analyse et établir la conclusion.
- Une note de service d’une unité de reconnaissance créée au sein d’un bataillon des forces aéroportées, unité militaire 20634 qui évoque le numéro de la franchise militaire de la 19e Brigade de fusiliers motorisés.
- Une note qui accompagne l’ordre de service du commandant de l’unité militaire № 20634 datant du 2016, concernant la décoration du personnel avec un signe “Pour le service militaire dans le Caucase” et le certificat qui va avec. La décoration est attribué à un militaire X., espion et sniper d’une unité de reconnaissance qui fait partie d’un bataillon de reconnaissance.
Ci-dessous quelques photos qui prouvent la présence de de l’unité de reconnaissance et de débarquement au sein de la 19e Brigade motorisée, déployée à Vladikavkaz.
La photo, prise dans la caserne représente 3 drapeaux, de la Russie, des services de renseignement militaire et des troupes aéroportées. Les attributs sont présents sur l’uniforme des militaires de la 19e Brigade et les photos montrent la préparation et les exercices.
La préparation des parachutistes-éclaireurs de la 19e Brigade semble être très intense et variée. Les militaires se rendent souvent au polygone Daryal dans les montagnes pour y effectuer la préparation tactique, l’entraînement de tir et de débarquement, qui a aussi lieu à Vladikavkaz et Mozdok où est basée la 100e Brigade expérimentale de renseignement (unité 23511). Ces exercices ont aussi lieu dans le Centre de formation du 108e Régiment aéroporté d’assaut de Novorossiysk (unité 42091). Les unités sont constituées avec le personnel mixte : les conscrits et les contractuels.
Les médias russes ont très brièvement évoqués la création de ces compagnies : c’est le Courrier militaro-industriel qui en parle le 8 juin 2016.
“Actuellement, au sein de chaque brigade ou division il y a des bataillons de reconnaissance qui sont composés d’unités de reconnaissance qui opèrent à l’aide des véhicules blindés, ainsi qu’une unité spéciale de reconnaissance et de débarquement, le personnel de cette unité opère à l’arrière-front de l’ennemi”.
Back to the USSR
L’apparition de ce genre d’unités est un tournant assez curieux dans l’histoire de l’armée. Nous savons qu’en période soviétique cela se pratiquait : les éclaireurs des bataillons de fusiliers motorisés s’entraînaient à sauter en parachute. Quelques détails de la préparation des unités de reconnaissance et de débarquement ont été décrites sur un forum russe en 2013.
Chaque division motorisée ou de chars avait son bataillon de reconnaissance, qui se composait de 2 unités de reconnaissance et une – de parachutistes, d’une unité de renseignement électro-magnétique. L’ unité de parachutistes-éclaireurs se composait de 2 unités de parachutistes d’assaut et d’une unité de renseignement spécialisé. Ils ont tous fait la préparation obligatoire pour les troupes aéroportées, notamment les sauts en parachute, et le fait de porter les pins des parachutistes était mérité.
D’après les informations de la même source, en 2013, sur la 74e Brigade motorisée (unité 21005, ville de Yourga de la région de Kemerovo) le personnel a effectué une formation de parachutistes à Togliatti et à Irkoutsk, sur les bases militaires spécialisées de GRU.
InformNapalm a déjà évoqué la 74e Brigade de fusiliers motorisés, dans le cadre de la participation de ses membres aux combats dans le Donbass, où les groupes tactiques intervenaient pour faire pencher la balance en faveur des troupes séparatistes en été-automne 2014. Nous avons aussi parle des militaires de cette brigade qui sont venus combattre au sein de la formation illégale LNR.
Conclusion
La création des unités de reconnaissance et de débarquement au sein des brigades de fusiliers motorisés signifie que la Russie prend un nouveau cap sur la politique militaire agressive vis-à-vis de ses États-voisins.Aujourd’hui, la Russie participe aux conflits en Ukraine et en Syrie. Mais la réforme de l’armée russe prévoit l’augmentation et l’amélioration des unités de ce genre. Il s’agit de renforcer à l’aide de ces unités, les bataillons de renseignement de l’Armée de Terre. Ces bataillons seront indépendants des autres structures de l’armée russe. Les unités de reconnaissance de l’Armée de Terre utilisaient les moyens de locomotions terrestres (les BTR ou les véhicules blindés du type “Tigre”) , or, à présent les unités créées débarqueront du bord d’un hélicoptère pour mener des missions de reconnaissance.Actuellement, l’aviation militaire de la Région du Sud compte 36 unités de Mi-35M et 27 unités de mil.Mi-8, capables de voler de nuit et à basses altitudes.
Ces unités fraîchement créées ne sont pas identiques au troupes de débarquement mais celles de reconnaissance (donc, leur mission est plutôt de faciliter le passage des unités de l’Armée de Terre). Ainsi, on peut dire que ces dernières se sont dotées de leurs propres unités des parachutistes, un peu comme celles de GRU. Ces unités peuvent, à l’aide de l’aviation, être lâchées à l’arrière-front de l’ennemi pour y mener des raids ou préparer le terrain, afin que les forces terrestres de leur formation puissent progresser plus rapidement, dans une localité précise ou pour y mener des opérations de sabotage.
Dans le cadre de la guerre hybride, le renseignement spécialisé reste une des priorités pour les forces spéciales de l’armée russe..
Par Irakli Komaxidze
Traduit par Viktoria Mait
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