La présidentielle française est devenue un grand échiquier pour le Kremlin. Et Moscou y garde ses pions. Plusieurs experts et hommes politiques ont fait part de leur préoccupation sur une possible ingérence russe dans les élections en France après la campagne électorale aux Etats-Unis.
Les américains sont convaincus que le Kremlin est intervenu pour favoriser l’élection de Donald Trump. Maintenant le gouvernement de Poutine est soupçonné d’en faire de même en France lors du scrutin présidentiel, à l’image de la question des cyberattaques, des manipulations médiatiques et de l’aide financière de 28 millions d’euros accordée au parti de l’extrême droite.
Le but ultime du régime de Poutine est de diviser et d’affaiblir l’Union Européenne qui traverse déjà une forte crise. Le soutien du gouvernement russe accordé aux partis populistes et anti européens a donc une logique. Ces forces politiques veulent le démantèlement de l’Union Européenne, un but qui arrangerait bien le Kremlin. C’est pour cela qu’un accueil chaleureux à Moscou est toujours garanti aux politiciens anti-européens.
Pour la présidentielle française le Kremlin a bien choisi ses candidats, et ce sont Jean-Luc Mélenchon, François Fillon et Marine Le Pen. Et ce n’est pas surprenant : ils ne soutiennent pas une Europe puissante, deux candidats radicaux veulent la sortie de la France de l’Europe, tous les trois font allégeance au président russe Vladimir Poutine dans la politique internationale. Fillon, Le Pen et Mélenchon deviennent souvent les « avocats » de Poutine pour les actions de Moscou en Ukraine et en Syrie. Ils sont motivés par l’anti-américanisme, par des relations d’affaires ou par la sympathie envers une gouvernance autoritaire, mais pas seulement.
Sanctions
Ainsi, les sanctions occidentales contre la Russie pour son rôle dans la guerre en Ukraine sont illégales selon Mélenchon, stupides selon Le Pen et elles portent dommage à la France pour Fillon.
Annexion de la Crimée
Marine Le Pen soutient l’annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie, contrairement à l’avis de la communauté internationale et à l’existence du droit international. Fillon essaye de justifier l’annexion par la question du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Mélenchon ne condamne pas la Russie non plus mais réclame « une conférence de sécurité de l’Atlantique à l’Oural pour négocier les frontières ». Cela donne des frissons dans le dos après la leçon de la conférence de Munich en 1938 et les événements qui l’ont suivie.
Syrie
Ces trois candidats soutiennent entièrement l’intervention russe en Syrie. Ils sont prêts à négocier avec le régime d’Assad sous le prétexte de la guerre contre les islamistes. Et ils ferment les yeux sur les crimes de Damas, l’allié de Poutine, contre la population civile.
Cela leur a valu la critique du candidat socialiste Benoît Hamon.
“M. Fillon, Mme Le Pen, un peu Jean-Luc Mélenchon aussi, sont fascinés par M. Poutine. Moi, je n’ai aucune fascination pour les régimes qui ne sont pas démocratiques, je n’ai aucune fascination pour ceux qui veulent aujourd’hui nous affaiblir “, a tranché M. Hamon.
Médias de propagande russe
Le sénateur Richard Burr, Chef du Comité du renseignement du Sénat américain, qui fait partie de l’équipe chargée d’enquêter sur l’ingérence de la Russie dans la présidentielle américaine, affirme que le Kremlin s’implique de façon active pendant cette période électorale française. Mr Burr n’apporte aucun élément concret mais avertit que la Russie redouble d’efforts pour voler les informations numériques, pour qu’elles soient ensuite utilisées lors de campagnes de propagandes et de désinformation.
Le 31 mars, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a mis en garde Moscou contre toute tentative d’ingérence dans l’élection présidentielle française.
« Ce n’est pas à la Russie de choisir qui sera le futur président de la République française », a déclaré Jean-Marc Ayrault.
Suite à la rencontre de Poutine avec Le Pen à Moscou, le Kremlin tentait d’affirmer le contraire. « Nous ne souhaitons pas influencer de quelque manière que ce soit la campagne en France», a dit Poutine selon Russia Today. Et d’ajouter l’article d’ un autre média propagandiste, Sputnik, qui se moque des accusations contre Moscou. « Dès qu’il s’agit d’une campagne électorale dans n’importe quel pays, on a l’habitude d’entendre crier à la soi-disant ingérence russe et chercher des traces de la fameuse Main du Kremlin derrière la moindre attaque informatique. Mais advenant le cas où Marine le Pen l’emporterait, certains croient qu’il vaudrait mieux regarder en direction des USA. »
Pourtant les médias d’État russe, en l’occurrence RT et Sputnik, ont bien fait leur choix de candidats au cours de la couverture de la présidentielle française. Ils ont été accusés d’avoir diffusé des fausses informations sur Emmanuel Macron, un candidat défavorable au Kremlin. Il s’agit de la publication des rumeurs sans aucune preuve ou élément tangible, qualifiés de fake news. Sans vérifier les faits, les internautes relayent la désinformation de Sputnik sur les réseaux sociaux.
Les médias financés par la Russie ont été dénoncés par Emmanuel Macron, qui s’estimait être victime de diffamation.
Les médias du Kremlin tiennent à appuyer leur vision et leurs articles par des opinions d’experts, de politiciens et d’économistes qui expriment l’idéologie qui arrange Moscou, c’est-à-dire l’anti-américanisme et des sentiments anti-européens et pro-russes. Le philosophe Michel Eltchaninoff, spécialiste de la Russie, interviewé par l’Express, explique pourquoi le soft power de Moscou devient efficace :
« Parce qu’il s’appuie sur les faiblesses de l’adversaire, sur nos angoisses. La stratégie médiatique russe s’insinue de manière très efficace dans la remise en cause des médias traditionnels. »
Analyse de la couverture médiatique francophone russe des candidats et de leur campagne
Nous avons fait une brève analyse de la dernière couverture des élections en France par Sputnik et RT en français. On y trouve des articles favorables à Fillon, Le Pen et Mélenchon mais une couverture négative pour Macron. La candidate du Front National est présentée comme la Jeanne d’Arc du XXI siècle, ou comme Poutine en jupe. Il suffit de lire les titres : « Forte et indépendante », « Marine le Pen avoue être une femme à chats » ; « Marine Le Pen : Ma candidature, c’est celle du peuple contre les élites asservies ».
Nous trouvons aussi un article qui incite à un sentiment anti-UE sous le titre « Le drapeau européen, un ‘torchon oligarchique’ pour Florian Philippot » (Le vice-président du FN), renforcé par une image de ce même drapeau brûlé par des manifestants d’extrême droite.
Le candidat de l’extrême gauche reçoit lui aussi une couverture positive avec l’article titré « Mélenchon-bashing, bad-buzz ou coup de buzz ? ». Mélenchon est présenté comme une surprise de taille, un candidat sous-estimé par les médias, il est aussi présenté en victime pour le fait que certains médias l’ont qualifié de «Chavez français».
Mais la meilleure couverture est assurée à François Fillon qui semble être le favori des médias du Kremlin. Nous pourrions penser que nous lisons une série sur un super-héros : « Fillon a fait savoir qu’il n’avait pas besoin de gilet pare-balles en rejetant audacieusement la demande de son service de sécurité ». « Trump est ‘un danger pour la paix’, selon François Fillon » , « Nicolas Sarkozy a demandé aux électeurs français de voter pour François Fillon ».
La rédaction de Sputnik tient à dire que « François Fillon progresse, ses rivaux sont stables », malgré le fait que cela concerne juste un sondage particulier sur une petite période et avec un progrès pas significatif. Un autre article consacré à Fillon dit « Un récent sondage OpinionWay/ORPI montre que le candidat de la droite, François Fillon, reste dans la course présidentielle. Ainsi, il s’accroche à sa place dans le trio de tête des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle gagnant encore un point pour atteindre 20%. »
Tandis que la bête noire du Kremlin, Emmanuel Macron, reçoit des claques comme, par exemple, cet article « Quand Emmanuel Macron avoue ne pas comprendre son propre discours ». Dans le fait de critiquer un candidat il n’y a rien de mal. Mais c’est la critique sélective qui pose problème. Sur Sputnik et RT les lecteurs ne trouveront pas d’articles négatifs sur Fillon ou Le Pen, bien qu’ils aient beaucoup de dossiers à éplucher.
Le comble de la manipulation d’information par les médias russes francophones c’est la publication d’un sondage truqué. Lorsque tous les principaux sondages plaçaient François Fillon en quatrième position, Sputnik a repris un prétendu « sondage » donnant le candidat LR en tête: « Étude des réseaux sociaux: Fillon en avance de 2,1% sur Macron, témoigne une récente étude de Brand Analytics basée sur l’analyse des réseaux sociaux. ». Ce titre et l’article lui-même donnent une fausse impression, car une étude des réseaux sociaux n’a pas la valeur d’un sondage. Surtout que cette étude a été menée par une société peu fiable. Il ne s’agit que d’une étude sur l’analyse « des propos des gens sur les réseaux sociaux », comme l’explique Svetlana Krylova, directrice de cette société. A cette occasion Le Monde a publié un article sur « comment différencier vrais et faux sondages ? »
Aux éloges à Fillon et Le Pen les médias russes ajoutent quelques sujets qui renforcent les sentiments « anti-immigration » et extrême droite. A l’exemple de « La tension en hausse dans le campement ‘sauvage’ dans le nord-est de Paris » et « Les services secrets préviennent qu’une menace pèse sur les principaux candidats à la présidentielle et adressent des avertissements à certains directeurs de campagne ».
Ou encore des opinions qui incitent les électeurs à s’abstenir de voter, ce qui favorise la candidate frontiste. En l’occurrence, Sputnik cite l’acteur Gérard Depardieu, connu pour avoir cherché un paradis fiscal en Russie, fuyant les impôts en France, qui dit qu’il a décidé de ne soutenir aucun des onze candidats.
Nous y trouvons aussi un peu de sentiment pro-soviétique et pro-Moscou a l’image du candidat excentrique des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle qui raconte comment il s’est « retrouvé à chanter dans les chœurs de l’armée rouge devant Brejnev » après une soirée très arrosée en URSS.
Finalement, Sputnik et RT accordent une attention particulière aux sujets sur le Frexit, le souverainisme et un possible duel entre Le Pen et Mélenchon, deux pions sur lesquels le Kremlin a misé. Les titres sont parlants : « Duel Mélenchon–Le Pen au second tour: «symptôme d’un effondrement du système politique»? »… « Sortie de l’euro, Frexit… Les souverainistes séduits par Mélenchon? ». Le média russe cite le souverainiste Jérôme Maucourant, qui « a décidé d’apporter son soutien à Jean-Luc Mélenchon en cas de second tour entre celui-ci et M. Macron » :
« Je ne pense pas qu’une stratégie de dépassement de cette crise du capitalisme financier soit possible en restant dans les contraintes actuelles de l’Union européenne ».
Sputnik met en valeur une interview avec un économiste français qui prône la sortie de la France de l’euro, la démondialisation : Jacques Sapir. Ce dernier a travaillé en Russie, il a exercé en qualité d’expert de la problématique de la transition dans l’ex-Union soviétique et a été nommé membre étranger à l’Académie des sciences de Russie. Monsieur Sapir suggère un choix entre le Pen et Mélenchon : « Jacques Sapir : Le seul candidat à pouvoir tenir face à Marine Le Pen est Jean-Luc Mélenchon ». Dans l’interview il n’hésite pas à critiquer E. Macron, en disant que son programme serait « pire que celui de François Hollande ». En effet, un duel entre Le Pen et Mélenchon ou encore Le Pen et Fillon au second tour de la présidentielle laisserait le Kremlin très satisfait.
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Il est curieux de savoir pourquoi ces trois candidats font allégeance au leader d’un régime très autoritaire, qui assassine ses opposants, viole le droit international par l’annexion d’une région d’un État voisin. Comprennent-ils que Poutine utilise des méthodes de déstabilisation, en Géorgie et en Ukraine, ravive l’impérialisme avec de nouvelles pratiques de guerre par procuration, où Moscou essaye de faire passer ses forces d’opérations spéciales pour des séparatistes locaux, qu’il accorde son soutien au régime de Bachar Al-Assad qui massacre les civils dans les villes contrôlées par l’opposition armée?
Propositions concernant la politique étrangère
Regardons ce qu’ils préconisent comme mesures de politique étrangère. François Fillon veut « rétablir le dialogue et des relations de confiance avec la Russie qui doit redevenir un grand partenaire », « parvenir à la levée des sanctions contre la Russie qui pénalisent les agriculteurs français », et « réduire l’immigration légale au strict minimum ». Tout récemment M. Fillon a déclaré que la Crimée historiquement, culturellement et linguistiquement était un territoire russe.
Lors du débat présidentiel le candidat LR a dit que « il y a des frontières qui ont été tracées dans des conditions inacceptables pour les peuples, qui ont séparé des peuples et ce débat là on ne peut pas refuser de le voir s’ouvrir », donnant raison à M. Mélenchon.
François Fillon a aussi dit qu’il n’est pas trop favorable à la ligne menée par l’OTAN, et qu’il aimerait que la France « constitue une coalition militaire, stratégique, avec les Russes, pour régler le conflit syrien ». Fillon garde une relation très étroite avec Poutine de la période de son mandat de Premier ministre français. Encore pendant la primaire Fillon, a été critiqué par Alain Juppé pour sa proximité avec le Kremlin.
Dans le cas de Mélenchon, sa politique étrangère est marquée par l’anti-américanisme, l’anti-Otan, et sur la base de cet anti-américanisme, il affiche une proximité avec Poutine et une admiration pour Hugo Chavez, le défunt président du Venezuela, où le chaos économique et social règne en ce moment. Le candidat de « La France insoumise » accepte aussi l’agression de l’Ukraine par la Russie. « Il faut qu’on rediscute de toutes les frontières. La frontière entre la Russie et l’Ukraine, est-elle à la fin de la Crimée ou avant ? Je n’en sais rien. On doit en parler », a dit Jean-Luc Mélenchon.
Benoît Hamon a jugé cette position comme dangereuse.
« Il y a des accords, une légalité internationale. Il n’est pas acceptable de la part de Poutine d’avoir annexé un territoire qui est celui d’un autre État souverain », a martelé Hamon.
En effet, si la communauté internationale accepte l’idée de changer les frontières et d’organiser pour cela des conférences, cela ouvrira la porte aux sentiments de revanchisme, de révisionnisme historique, et finalement à une période de guerres.
L’autre idée de Mélenchon qui plairait à Poutine c’est de sortir des traités européens et de sortir de l’Otan pour se débarrasser des « folies impériales des États-Unis ». L’ancien leader du Front de gauche a dit aussi qu’il « faut assurer les Russes que l’Ukraine n’entrera jamais dans l’OTAN ». L’antiaméricanisme et les liens de l’extrême gauche française avec Moscou à l’époque de l’URSS le poussent vers la position de la Russie, même si celle-là n’a rien d’anti-capitaliste, là-bas l’État et les oligarchies contrôlent toute l’économie. Par conséquence Jean-Luc Mélenchon n’arrive pas à comprendre la volonté d’indépendance des petits pays d’Europe de l’Est, à l’exemple de l’Ukraine. Michel Eltchaninoff, spécialiste de la Russie qualifie cela de mentalité soviétique: seuls les grands pays ont droit à avoir la parole, selon le candidat d’extrême gauche.
Un autre point faible du candidat de La France insoumise c’est la guerre en Syrie. Répondant à la question sur les bombardements russes, Jean-Luc Mélenchon n’a pas condamné Moscou pour le massacre des civils mais a indiqué « l’erreur originelle de l’intervention américaine en Irak qui a déstabilisé toute cette région ». Interrogé sur la notion de « crime de guerre imputable à la Russie », liée toujours aux bombardements en Syrie, il aurait répondu : « Tout ça, ce sont des bavardages ».
Dans son volet sur la politique internationale M. Mélenchon a prévu le projet d’adhésion de la France à l’Alliance bolivarienne, un partenariat économique regroupant 11 pays d’Amérique latine, dont Cuba et le Venezuela, ou l’Iran ou la Russie sont observateurs.
Jean-Luc Mélenchon a fait des déclarations déplorables concernant Boris Nemtsov, opposant au régime russe et à l’annexion de la Crimée. Assassiné le 27 février 2015 à Moscou de quatre balles dans le dos, Nemtsov aurait été sur le point de révéler la présence de soldats russes dans le Donbas ukrainien. Sur son blog le 4 mars 2015, Jean-Luc Mélenchon qualifie l’homme politique de « libéral fanatique » et de « voyou politique ordinaire ».
Pareillement à Mélenchon, Marine Le Pen veut une sortie des traités européens. À la différence que la candidate d’extrême droite promet d’engager d’abord une négociation avec les partenaires européens et puis un référendum sur l’appartenance de la France à l’Union européenne. Madame Le Pen sortira aussi de l’espace Schengen et réduira l’immigration légale. Elle veut quitter l’Otan et refuse les traités de libre-échange.
Marine Le Pen a obtenu le plus grand signe de soutien du Kremlin. La chef du parti de l’extrême droite française a été reçue par le président russe Vladimir Poutine lors de sa visite à Moscou le 24 mars. Une première. La rencontre a été filmée en exclusivité par la télévision de propagande internationale russe RT.
Dans les relations internationales, il est de coutume que le président rencontre des chefs d’État ou des chefs de gouvernement d’un autre pays, mais pas un candidat d’un parti politique qui n’est pas au pouvoir. Pourtant, le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov a estimé à ce sujet que rencontrer des « opposants étrangers » était une « pratique normale ». Vladimir Poutine a souligné que la Russie « ne voulait en aucun cas influencer les élections présidentielles de ce pays ».
Après sa rencontre avec Poutine, Marine Le Pen a déclaré que son premier geste à l’égard de la Russie, si elle est élue présidente, serait de réfléchir à une levée rapide des sanctions imposées à Moscou. Le Pen aurait aussi promis de reconnaître la Crimée annexée comme une partie intégrante du territoire russe, estimant que l’annexion de la péninsule ukrainienne n’était pas illégale.
Sa visite à Moscou a eu lieu suite à la polémique entourant le financement de la campagne présidentielle de Marine Le Pen. En 2014, le Front National avait emprunté 9 millions d’euros à une banque russe, la First Czech Russian Bank (FRCB), qui depuis a été placée sous tutelle par la Banque centrale russe. Toutefois, le parti de la famille Le Pen a démenti fin décembre 2016 l’existence d’un autre prêt de 28 millions d’euros, évoqué par Le Canard Enchaîné. Le prêt du FN à la banque russe a provoqué des reproches envers le Kremlin de vouloir s’immiscer dans les élections en France.
D’un côté, Marine Le Pen affirme qu’elle souhaite rendre la France à nouveau indépendante de l’Europe et des États-Unis mais, de l’autre, elle semble être prête à rendre la France dépendante de Moscou.
La candidate d’extrême-droite dit partager la vision du monde de Vladimir Poutine. La vision du gouvernement russe d’emprisonner ses opposants et réprimer les manifestations de ceux qui dénoncent la corruption semble ne pas déranger Marine Le Pen. Donc, nous pouvons juger que sa victoire arrangerait bien le Kremlin.
Par contre, le candidat d’En marche Emmanuel Macron, lui, n’hésite pas à critiquer le régime de Poutine, ce qui lui a coûté une couverture négative dans les médias russes. Notamment, Macron a dit dans son programme que Moscou « mène une politique dangereuse qui n’hésite pas à s’affranchir du droit international ». Il n’exclut pas le dialogue avec le Kremlin, mais dit que celui-ci doit être « exigeant ».
« Si la paix que défend Jean-Luc Mélenchon, c’est la paix de Vladimir Poutine, très peu pour moi. Si la paix que défend Jean-Luc Mélenchon, c’est de désarmer la France de manière unilatérale devant celles et ceux qui nous attaquent et devant ces groupes terroristes, très peu pour moi », a insisté l’ancien ministre socialiste.
« La candidate de l’extrême droite, le candidat de la droite des affaires et le candidat de la gauche communiste, sont tous les trois sont fascinés par M. Poutine, un dirigeant qui ne partage ni nos valeurs, ni n’a montré de responsabilités dans les grands conflits internationaux », a taclé Macron.
Il est à constater que le régime de Poutine a infiltré l’Union européenne et a progressivement étendu son influence sur le continent. La Russie accorde également un soutien et parfois un financement à un vaste éventail de partis politiques d’extrême-droite, eurosceptiques et d’extrême-gauche. Pas de surprise que leurs dirigeants, des politiciens de différents pays, reprennent dans leurs discours les éléments et les phrases de Poutine directement extraits du narratif de propagande du Kremlin.
Moscou se sert de ses alliés d’extrême droite et d’extrême gauche pour affaiblir l’Union européenne et fragiliser l’entente et le consensus entre les pays européens. Le gouvernement de Poutine sait parfaitement que les mouvements anti-UE peuvent déstabiliser la paix sociale à force de gagner de la popularité suite à la crise migratoire et aux attentats islamistes en Europe. Et il n’hésite pas à en profiter. Il nous reste à espérer que les pions de Poutine échouent à la présidentielle française et qu’ils ne deviennent jamais une dame.
FALCON