Au sujet des médias russes, complices du terrorisme
L’utilisation d’un grand nombre d’armements, de militaires de carrière russes et de mercenaires qui constituent la base du collaborationnisme n’est pas la seule particularité de l’agression militaire russe contre l’Ukraine dans le Donbass. La complicité des médias russes, bien rodée, en est un autre aspect. Pour mener à bien la guerre hybride “à la russe”, il est absolument nécessaire d’ alimenter régulièrement les sources de (dés)information selon lesquelles les Forces armées d’Ukraine seront diffamées et discréditées, présentées comme ”punitives”. Ces efforts de propagande sont, d’une part, destinés aux les habitants locaux des régions sous occupation, pour effacer l’image des défenseurs et libérateurs de leur pays natal. En parallèle, ce travail de propagande est destiné à embrouiller les observateurs internationaux. Déformer les faits sert à créer des embrouilles.
Ainsi, le 10 octobre 2016, le Parlement Européen adopte la Résolution qui met à pied d’égalité les agences des médias russes et les réseaux de propagande de l’EI. Pour un lecteur avisé, le terrorisme des médias russes ne se limite pas à déformer les faits mais va beaucoup plus loin. Les médias de propagande russe synchronisent leur action avec celle sur le terrain, afin de créer des “précédents à diffuser une information.” En 2014, à Louhansk, une anecdote circulait : Si tu vois un reporter de Life News à proximité, prends les jambes à ton cou : quelque chose se prépare! L’explication est simple : les journalistes russes étaient toujours au bon endroit, quelques minutes avant les tirs tragiques qui, parfois, coûtaient des vies aux civils.
En 2014, en se basant sur les témoignages des habitants locaux, InformNapalm a publié l’article “l’ Algorithme des tirs de provocation pour détruire la population locale”
En décembre 2016, l’ancien dirigeant de la “LNR”, Valeriy Bolotov a déclaré qu’en 2014, le bataillon “Zarya” sous les ordres d’ actuel chef de la “LNR”, Igor Plotnitskiy procédait aux tirs de provocation sur la ville de Louhansk Cette déclaration a provoqué de violents disputes dans le milieu séparatiste. Une partie d’entre eux a accusé Bolotov de mensonges, tandis que d’autres ont confirmé les faits des “tirs inexpliqués” dont les villes du Donbass occupé sont devenu victimes.
Ces témoignages, comme tant d’autres, confirment l’hypothèse selon laquelle les médias russes et ceux des “DNR/LNR”, entièrement contrôlés par la Russie, ont un rôle de complices des terroristes. L’escalade militaire près de Svitlodarsk dans la deuxième quinzaine du décembre a fait ressortir une nouvelle”vague” d’actes de ce genre. Notre enquête se portera sur l’un de ces cas de terrorisme des médias.
Les tirs sur les quartiers résidentiels de Debaltseve
Récemment, le Centre des médias de Louhansk, contrôlé par les forces terro-russes, a publié toute une série d’articles concernant les “tentatives des FAU de déloger les troupes des”milices populaires de la LNR” de Debaltseve”.
Entre autre, la propagande russe a diffusé des photos et une vidéo de 2 cas uniques d’impact sur des quartiers résidentiels. À qui ces tirs profitent ?-de toute évidence, à la machine de propagande russe. Ainsi, la propagande présente ces tirs comme “opération punitive menée par les Ukrainiens” bien que ce serait plus approprié de parler de la destruction par étapes de la population civile par les forces d’occupation russes, comme c’était le cas à Novoazovsk en Ukraine ou à Alep en Syrie.
Nos enquêteurs ont été intrigués par toute une série d’incohérences dans ces reportages de la propagande qui est le porte-parole des forces d’occupation russes.
Les FAU n’ont absolument aucun intérêt à procéder aux tirs disparates sur le secteur résidentiel Cherchons donc l’erreur, commise par les auteurs de ces tirs de provocation.
Les obus sont tombés à Debaltseve, rue Kourtchatov, garages situés entre les maisons 9 et 11. La chaîne de propagande, News Front, montre la vidéo où la maison numéro 9 est abîmée du côté des entrées mais ne montre pas d’impact du tir, ni les cratères.
On nous montre un seul impact : celui des garages entre les maisons N9 et 11.
La détonation a eu lieu sur le toit du garage, sans trouer la couverture, près de l’extrémité du garage à côté.
En témoigne aussi l’absence des traces d’explosion, en dessous des poutres. La couverture a été soufflée suite à la détonation et pas suite à l’impact de la munition. La charge a été de petit calibre (comme, par exemple, une mine de 82 mm), de courte portée (de 3 à 4 km). Les positions de l’armée ukrainienne les plus proches à Debaltseve sont à environ 12 km direction nord et nord-ouest. En réalité, la distance peut même être plus éloignée.
La trajectoire elliptique des éclats de la munition est bien visible grâce aux traces sur le toit du garage et la direction des éclats va vers la maison numéro 9.
Par conséquent, il est fort probable que la mine venait depuis l’ouest ou le sud-ouest, où il n’y a pas de troupes ukrainiennes.
Un autre incident a eu lieu à une résidence à Novogrigorivka : les coordonnées de la localisation
Les observateurs de la mission de l’OSCE n’ont pas été conviés pour constater l’incident. Seuls les acteurs de la propagande russe étaient présents. L’homme qui dit être le propriétaire de la maison, raconte avoir vu un point noir dans le ciel, un obus qui se rapprochait. Il a indiqué la direction d’où venait l’obus, bien qu’il est impossible de voir un obus qui tombe du ciel sur la tête de quelqu’un. La vitesse d’arrivée est telle qu’il est impossible de se cacher. Nous concluons ainsi que l’homme ment.
La maison est endommagée d’une manière curieuse : pas de cratère devant, l’obus (s”il y en a eu un) a traversé le mur en dessous de la fenêtre, coin droit, une partie de pare-peints est enfoncée. Mais alors pourquoi un bout de toiture est aussi endommagé?
Pas de traces d’explosion de munition à l’intérieur de la maison, pas de traces de brûlé, de fumée, pas de dommages causés par les fragments. Juste quelques traces sur le plafond, près de la fenêtre .
Les propos du “propriétaire” ne sont pas très clairs : la maison a déjà subi des dégâts avant, et l’on se demande s’il ne présente pas des dégâts anciens pour de récents.
Un officier russe de la Commission d’enquête participe à la falsification des preuves. Il ne se sert pas de la boussole pour définir la direction, et fait une erreur de 30 degrés.
La flèche qui pointe vers le nord n’est pas perpendiculaire au mur de la maison d’environ 45°. En réalité, il n’y a que quelques degrés de différence, mais les envahisseurs russes ne s’en préoccupent pas. Le plus important pour eux c’est de persuader les téléspectateurs que ce tir unique provenait du côté de Svitlodarsk, lieu de combats.
Les officiers russes de la commission d’enquête remplissent très bien leur mission de propagande.
Ensuite, un impressionnant éclat d’obus est visible sur la vidéo. Mais on ne sait pas d’où il vient.
Sur une autre photo, nous voyons ce même éclat, déjà entre les mains de quelqu’un, un propagandiste ou un “représentant des autorités locaux”?
Il ne porte pas de trace d’explosion, juste les bords sont un peu cassés. Soit l’obus n’a pas explosé, soit il était balancé exprès, comme une boîte de conserves. Le calibre de l’explosif ne dépasse pas les 100 mm.
Sur cet éclat d’obus nous voyons 2 larges traces rapprochées, une d’entre elles porte encore les traces du canon. Peu de munitions correspondent à cette description.
- l’obus à fragmentation hautement explosif ZOF 32, mis en exploitation dans les années 70 du siècle passé et toujours produit par l’usine des matières plastiques dans la région de Tchelyabinsk (Russie).
Son utilisation :
- Le BS-3, arme activement utilisée par les terroristes qui se font appeler “l’armée de la LNR” et dont nous parle si bien le wikipedia en russe.
- Le 2A70, arme/ module de lancement de calibre 100 mm une pièce d’artillerie russe qui sert du soutien au troupes d’infanterie et peut équiper différents véhicules militaires d’infanterie et unités aéroportées comme BMD-4, BMP-3 ou BTR-90M.
- L’obus hautement explosif à fragmentation OF-29 pour le canon 2A36 Jacynthe-B de de 152 mm.
Si un tel obus explose à l’intérieur d’une maison, il n’en resterait rien. Si l’obus n’a pas explosé, mais juste s’est fendu, où sont les autres morceaux ?
Toutes les autres vidéos des tirs, publiées plus tard montrent les cratères faits par les munitions de petit calibre avec le rayon de tir de 3-4 km (en témoigne la taille des cratères).
Les tirs sur l’église épousent parfaitement à la conception du “monde russe”qui défend la population russophone et l’orthodoxie, tout ce qu’il faut aux médias -complices du terrorisme russe.
Suite à cet exposé des faits, nous nous posons la question concernant le niveau de la préparation professionnelle des représentants de l’OSCE et leurs capacités et compétences à mener l’enquête approfondie et objective, en tenant compte de tous les aspects possibles des provocations. L’acte d’inspecter les lieux et de constater le fait des tirs signifie d’office accuser l’armée ukrainienne. Cela favorise la propagande russe mais ne reflète ni l’état réel des choses, ni les mises en scène opérées par le Kremlin.
Notez que pendant l’écriture de cet article, le GUR (le Direction Générale des Renseignements) auprès du Ministère de la Défense d’Ukraine a publié le rapport où il est précisé que le 23 décembre, les forces d’occupation russes ont entrepris des tirs sur Debaltseve, avec les lance-mines du calibre 82 mm.Pour constater cette provocation qui discrédite l’armée ukrainienne, en parler et diffuser l’information, les correspondants de principaux médias russes ont été appelés en renfort. Et ce sont les officiers du Centre de lutte psychologique et informationnelle de Novotcherkask qui dirigent l’opération de propagande.
Donc, nos conclusions sur ces tirs de provocation sont également confirmées par les services de la Direction Générale des Renseignements du Ministère de la Défense d’Ukraine.
Par Dmytriy K. et Andrew Lysytskiy en exclusivité pour InformNapalm.
Traduction par Viktoria Mait
(CC BY) Toute reproduction requiert un lien actif vers le site d’ InformNapalm.
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